Le 13 septembre, la direction de Ryanair a annoncé son intention de supprimer 170 emplois en Belgique, plus du double qu’annoncé en juillet. C’est sa réponse aux propositions syndicales pour « limiter les pertes d’emplois ». Les « procédures Renault » n’empêchent pas les licenciements, mais cette fois-ci, les patrons de Ryanair tiennent à montrer qu’ils se moquent de la caution syndicale. Pour imposer plus de flexibilité et des baisses de salaires, ils veulent montrer qu’ils sont prêts à passer en force.
De son côté, la direction d’AB Inbev a envoyé des huissiers au domicile des grévistes du site de Seraing, les menaçant d’astreintes de plusieurs milliers d’euros. Les grévistes ont raison de protester contre cette direction « qui fait passer la production avant la sécurité des salariés » face à la contagion du Covid. Mais là encore, les patrons d’une grande multinationale tiennent à faire la démonstration de leur détermination à imposer leurs conditions aux travailleurs.
La Commission européenne, le gouvernement français, le gouvernement allemand, tous les pays capitalistes, ont déjà annoncé des plans de relance à destination des entreprises qui se chiffrent en centaines de milliards. En Belgique, les entreprises bénéficient déjà de dizaines de milliards de cadeaux depuis le début de la crise sanitaire, comme des reports d’impôts, de la TVA, des crédits à taux très réduits. Et les caisses de la sécurité sociale, alimentées essentiellement par les cotisations des salariés, ont été ouvertes pour permettre aux entreprises de ne pas payer les salaires en mettant leurs employés en chômage « Corona ».
Une pluie de milliards d’argent public tombe sur les entreprises, à commencer sur les plus grosses d’entre elles. Et les spéculateurs en Bourses ne s’y trompent pas, elles repartent à la hausse.
Des « plans de relance » … pour sauver les profits des patrons et des actionnaires, pas pour sauver les emplois ! Quelle entreprise ne prépare pas son plan de suppression d’emplois, d’aggravation de la flexibilité, ne cherche pas à remplacer les contrats fixes par des contrats précaires ?
La crise sanitaire ne va pas être l’occasion d’une remise en cause plus humaine du capitalisme, au contraire elle va entraîner une aggravation de la guerre sociale menée par les patrons contre les travailleurs. Et les gouvernements accentuent leurs politiques d’austérité.
Les patrons estiment que les gouvernements ne font pas assez d’économies sur les budgets sociaux, les transports, les écoles, la santé…. Les actionnaires, les capitalistes, les patrons veulent « plus de marge de manœuvre » budgétaire pour dégager plus de subventions aux entreprises, en économisant sur le dos des travailleurs et du secteur public.
Et les gouvernements obéissent. Le gouvernement flamand a annoncé la suppression de 1 500 emplois dans son administration, parmi le personnel d’entretien et de restauration. Le gouvernement wallon a transféré la charge du financement des zones de secours sur les Provinces, qui voient leur budget plonger dans le rouge. La province de Namur a annoncé la suppression des départements du tourisme, de la culture, de l’aide à la petite enfance. Les administrations communales, en Flandre comme à Kortesem, et en Wallonie, comme à Charleroi, annoncent également des suppressions d’emplois et la privatisation de pans entiers de leurs services.
Faces à ces attaques généralisées, que proposent les organisations syndicales ? Une journée d’action le 28 septembre pour négocier avec les patrons « une enveloppe bien être » pour la revalorisation des pensions, des indemnités de chômage et de maladie. Bien sûr, ces revenus sont scandaleusement bas ! Mais ils vont s’effondrer davantage si les travailleurs ne s’opposent pas à la saignée de leurs emplois et de leurs salaires ! Et c’est duper les travailleurs que de laisser entendre que l’on peut s’entendre avec le patronat et les actionnaires.
La seule initiative pour poser la nécessité d’une lutte collective vient d’une partie du personnel soignant, qui a organisé le 13 septembre un rassemblement à Bruxelles. Un rassemblement auquel plusieurs milliers de manifestants ont participé, y compris d’autres secteurs, comme des cheminots et des pompiers, néerlandophones et francophones. Ces travailleurs qui prennent en main leur propre mobilisation montrent la voie.
Comme la crise du Covid l’a rappelé, la force des travailleurs tient en ce que toute la société et l’économie reposent sur eux. Pour ne pas faire les frais de la crise et de la rapacité des capitalistes, ils devront faire front tous ensemble, et chaque mobilisation est l’occasion de se poser pratiquement les problèmes de s’adresser aux autres travailleurs. Pour exiger ensemble le partage du travail, et des salaires et pensions correctes, en prenant sur les profits.