Les travailleurs doivent se défendre sur leur propre terrain

Le rappel des prépensionnés à l’obligation de « chercher du travail », contraire aux conventions signées lors des restructurations, le harcèlement des chômeurs et jusqu’à ceux qui s’occupent d’une personne handicapée de leur famille, le saut de l’index maintenant décidé, auquel vont s’ajouter une augmentation de la TVA pas encore entièrement avouée, et le très probable maintien de l’indexation des loyers qui continueront donc à augmenter…

Le ton est donné : rien ne retiendra le patronat et le gouvernement à son service de mettre en œuvre la politique du grand patronat. La protection des plus faibles, chères à bien des membres et électeurs du CD&V, le simple sentiment humain ? Balayés. Des signatures de patrons apposées sous un plan de restructuration pour le départ en prépension d’une partie des travailleurs ? C’était hier, aujourd’hui elles ne comptent plus.

Rien ne tient face à l’avidité de la classe capitaliste déterminée à faire payer les travailleurs, seul moyen pour elle de continuer à faire des profits dans une économie au bord de la récession.

Quant aux efforts des dirigeants syndicaux pour maintenir malgré tout le dialogue avec le patronat, et la paix sociale, le patronat s’est assis dessus. En effet, après plus de 2 mois de négociations, toutes les mesures annoncées sont maintenues. Et c’est le 30 décembre, alors que les directions syndicales avaient déclaré la « trêve de Noël », que l’arrêté rappelant les prépensionnés a été signé !

Un délégué d’AGC Automotive se demandait lors du rassemblent des prépensionnés dépités devant l’usine, devant la caméra de la RTBF, comment les patrons allaient faire maintenant pour restructurer les usines ? En effet, les prépensions ont souvent permis aux responsables syndicaux de calmer la colère et d’éviter la grève.

La question est plutôt : comment vont faire les travailleurs ? Alors que les exclusions du chômage se multiplient, même à plus de 60 ans, après souvent de longues années d’un travail usant !

Longtemps, les partis socialistes et les appareils syndicaux ont représenté la voie du compromis avec le patronat. Tous ces compromis obtenus par les négociations ont toujours été en-dessous de ce que les travailleurs auraient obtenu par la lutte. Mais dans le capitalisme en crise, il n’y a plus de compromis qui tienne ! Surtout quand les capitalistes font leurs profits en licenciant, quand il s’agit de faire payer à la population la dette des banquiers, quand les conditions des jeunes régressent comme s’il n’y avait pas eu des décennies de luttes ouvrières.

L’exemple de la Grèce le montre. 2,2 millions de Grecs ont voté contre une austérité qui a conduit la population grecque à une véritable catastrophe humanitaire. Le gouvernement élu ne demandait pas la lune, juste de quoi permettre aux plus pauvres de vivre un peu moins mal. Mais la banque centrale européenne et les chefs de gouvernement européens ont signifié aux ministres grecs – et à la population –, en coupant les crédits aux banques grecques, que le droit des banquiers de piller n’importe quel pays passe avant tout. Voilà ce que se prépare à faire le patronat envers les travailleurs en Belgique.

Les défenseurs du compromis à tout prix avec le patronat n’ont plus de solution à proposer aux travailleurs. Les dirigeants socialistes et les dirigeants syndicaux ont détourné le mouvement ouvrier du terrain de la lutte des classes, ils se sont plus préoccupés des intérêts des patrons que ceux des travailleurs. Ils se discréditent à mesure que le capitalisme accroit la misère, y compris dans les pays riches.

Voter n’a pas suffi pour se faire entendre. Mais les travailleurs grecs n’ont pas encore dit leur dernier mot. Que pourront faire les dirigeants capitalistes le jour où les travailleurs grecs se mettront massivement à occuper les usines et à faire grève, et que leur exemple fera tache d’huile en Espagne, en Italie, et puis dans le reste de l’Europe, y compris en Allemagne où les travailleurs subissent autant qu’ailleurs la dictature des grands groupes capitalistes, fussent-ils allemands ?

C’est pour ça que face à la classe capitaliste, les travailleurs doivent se préparer à défendre leur peau avec la même détermination que les capitalistes défendent leurs profits. Il faut que les travailleurs contestent leur exploitation. Il faudra qu’ils contestent le pouvoir des riches sur la société.