Ah, ils étaient fiers de leur « 5 minutes de courage politique ». Après 458 jours, les 8 partis à la table de négociation pour le futur gouvernement fédéral ont apparemment trouvé un accord qualifié de « historique » pour scinder l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvoorde.
Que contient l’accord exactement ? Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. L’accord ne règle évidemment rien, car ce n’est qu’une frontière linguistique redessinée, qui ne mettra pas fin aux querelles communautaires. Le bilinguisme aurait pu être une solution, mais les politiciens et les notables, en particulier francophones, l’ont refusé depuis longtemps.
Après le dossier BHV, les négociateurs peuvent maintenant s’attaquer à la réforme de l’Etat et au budget: comment extorquer 5 ou 7 milliards à la population – et plus, à long terme – pour combler le déficit de l’Etat creusé par le sauvetage des banques et des grandes entreprises. Sur cette question, les politiciens flamands et francophones, de droite et de gauche, sont unanimes. C’est précisément sur base des propositions de Di Rupo qui s’attaquent aux chômeurs, aux malades, aux pensionnés que les négociations ont repris. Ce n’est que sur le comment que leurs avis divergent.
Mais pendant que les politiciens négocient nuit et jour pour décider comment s’attaquer aux pensions et aux soins de santé des travailleurs, ainsi qu’aux services publics, comme le font leurs collègues des autres pays, la crise s’accélère.
Dans les Bourses, c’est à nouveau la panique, la faillite de la Grèce est de plus en plus envisagée, les menaces de spéculation pèsent désormais y compris sur les Etats riches. Et de jour en jour, il devient plus évident à quel point les dirigeants de l’économie et des États sont en fait incapables de maîtriser leur propre économie.
Depuis la crise bancaire en 2008, les économistes et les dirigeants politiques prétendent chercher des solutions. Et, depuis trois ans, même ceux qui sont à la tête d’Etats riches comme les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Angleterre ou la France, n’en trouvent pas. Et s’ils n’en trouvent pas, c’est parce qu’il n’y en a pas ! Car les crises du capitalisme sont incontrôlables. C’est une économie qui est fondamentalement injuste. Dans les périodes d’expansion comme dans les périodes de récession, elle permet aux capitalistes d’accumuler des richesses fantastiques, mais elle développe la pauvreté à l’autre bout, chez les travailleurs. Mais, en plus, cette économie capitaliste est irrationnelle, anarchique, destructrice.
Et la crise ne peut pas rester dans la seule sphère financière. Fictifs ou pas, les milliards perdus dans les soubresauts des spéculations résultent du travail humain, de la peine et de l’usure des travailleurs, de leur exploitation. Et la sphère financière fait intégralement partie de l’économie, comme la tumeur cancéreuse fait partie du corps qu’elle détruit.
C’est tout leur système capitaliste qui fait faillite. Et le problème des travailleurs, des salariés, qui sont les principales victimes de la crise, n’est pas de choisir entre de pseudo-solutions, parmi lesquelles se débattent les grosses têtes de la bourgeoisie elle-même : Comment rembourser la dette ? Faut-il sauver ou pas la Grèce ? Faut-il sauver ou pas l’euro ?
La seule vraie solution sera d’arracher l’économie des griffes de la bourgeoisie, de lui contester son pouvoir. Il faut que les travailleurs qui produisent les richesses, qui font fonctionner l’économie, ne laissent plus une poignée d’égoïstes diriger l’économie, mais la dirigent eux-mêmes. Il faut une économie qui fonctionne pour les besoins de tous et non pas pour enrichir une minorité.
En attendant, nous les travailleurs, devons et pouvons protéger nos intérêts fondamentaux, nos emplois et nos salaires par l’action collective. C’est là un objectif vital. Dans la débâcle de l’économie capitaliste, les gouvernements s’emploient à protéger les actionnaires, les spéculateurs, et les capitalistes en général. Les travailleurs ne sont protégés par personne. C’est à nous-mêmes de sauver nos conditions d’existence.
La seule façon de nous protéger contre le chômage c’est d’imposer l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous, sans diminution de salaire, en prenant sur les profits capitalistes.
Et pour protéger nos salaires contre les hausses de prix, il faut réimposer une vraie indexation des salaires, pensions et allocations. Ce sont là des objectifs fondamentaux pour les luttes à venir.