Avec l’annonce du relèvement de l’âge de la pension à 67 ans et du saut d’index, le nouveau premier ministre fédéral a directement donné le ton : son gouvernement sera un gouvernement de combat contre le monde du travail.
Les ministres fédéraux N-VA qui fêtent l’anniversaire de l’ancien militant nazi et fondateur de la milice d’extrême-droite VMO, Bob Maes, ou qui se distinguent par leurs propos méprisants envers la fraction immigrée de la classe ouvrière, c’est un avertissement. Ce gouvernement est ouvertement opposé aux travailleurs, et il est déterminé à imposer la politique voulue par le patronat sans réticence, sans état d’âme.
Oui, le monde du travail doit se préparer à se défendre. Mais ce n’est pas derrière l’opposition de Laurette Onkelinx que les travailleurs pourront sauver le niveau de leurs salaires et de leurs pensions, ni maintenir le niveau d’éducation de leurs enfants et les soins de santé.
Les grands cris indignés de cette ex-ministre PS au parlement ne pourront pas faire oublier que depuis 26 ans, PS et SP.a ont été de toutes les politiques d’austérité, au fédéral comme au régional, qui ont préparé le terrain aux attaques du nouveau gouvernement.
Mais ce qui est le plus abject, c’est que cette soi-disant opposition socialiste fait passer l’idée que les électeurs flamands seraient responsables de cette situation.
Non, ce gouvernement et sa politique ne résultent pas de la volonté des électeurs en Flandre. Certes, il y a des travailleurs qui se sont laissé abuser par le démagogue De Wever qui avait l’air différent des autres politiciens. Et il y en a, des travailleurs – dans les deux parties du pays – qui se trompent lourdement en croyant défendre leurs emplois et leurs salaires en votant pour des politiciens qui divisent les travailleurs entre ceux qui sont nés ici et ceux qui sont nés ailleurs.
Mais le patronat, lui, ne se trompe pas quand il se réjouit du gouvernement N-VA qui lui permet d’avancer « sans faire de compromis »…
Dans la crise qui s’aggrave, avec la production qui stagne ou recule, pour préserver ses profits, le patronat n’a d’autre solution que réduire les emplois et les salaires des travailleurs. Il l’a fait d’abord en utilisant la « concertation » sociale, c’est-à-dire un semblant de négociation avec les directions syndicales qui se chargeaient de faire avaler la pilule aux travailleurs. Mais déjà, les attaques contre les pensions et les salaires des gouvernements précédents ne laissaient plus beaucoup de marge pour la « concertation ». Le gouvernement actuel ne compte plus s’embarrasser avec ces palabres. Et si on le laisse faire, il utilisera la manière forte pour imposer aux travailleurs d’accepter le sort qui leur est réservé par la classe capitaliste : celui d’exploité obligé de vendre ses bras contre des salaires de plus en plus faibles.
Les syndicats, se sentant menacés dans leur rôle de négociateurs appellent à la mobilisation. Les dirigeants syndicaux haussent le ton maintenant, mais ils n’ont pas vraiment changé de politique. Cela se voit dans le fait que le gouvernement wallon dirigé par le parti socialiste échappe à leurs critiques, alors qu’il fait payer la population pour arroser le patronat via le Plan Marshall, entre autres… !
Cependant, il faut répondre à cet appel des syndicats ; il ne faut pas laisser la possibilité aux dirigeants syndicaux de justifier leurs reculs futurs par le manque de mobilisation des travailleurs. Il faut profiter de cet appel pour se mobiliser. Mais il ne s’agit pas de se leurrer et penser qu’en faisant tomber ce gouvernement pour le remplacer par un autre qui dirait « rigueur » et non « austérité », ce serait suffisant. Il ne s’agit pas non plus de se mobiliser seulement pour sauver une « concertation sociale » qui a toujours servi à tromper les travailleurs. Il s’agit de sauver la seule chose que nous avons dans cette société : nos emplois, nos salaires et nos pensions.
Faire en sorte d’avoir tous un emploi, un salaire, une pension, les richesses que nous produisons le permettraient largement. Mais aujourd’hui, ces richesses sont accaparées par les capitalistes.
Et ils sauvent leurs profits en nous condamnant au chômage, aux bas salaires et en nous faisant payer leurs dettes. Nous ne pourrons sauver nos salaires, nos pensions et nos emplois qu’en partageant le travail entre tous, et en prenant sur leurs profits. C’est eux ou nous, c’est leurs profits ou nos emplois et nos salaires.
C’est de cela dont il s’agit de se convaincre et de convaincre nos collègues autour de nous. Prendre conscience de nos propres intérêts de travailleurs et de notre force, nous organiser sur notre propre terrain de classe, voilà ce qui nous armera pour les luttes nécessaire à venir.