Des milliers de familles ont perdu leur logement dans les inondations et la question de leur relogement se pose avec urgence. Liège en compte au moins 13 000, Verviers, 10 000, Pepinster 2 000… Le nombre total de sinistrés est cependant encore bien plus élevé, car de nombreux ménages sont privés de gaz et d’électricité.
Certains ont été recueillis par la famille, des amis, ou ont été hébergés dans des internats scolaires, des logements pour étudiants. Ces solutions ne peuvent durer au mieux que quelques semaines.
Les représentants du gouvernement promettent que 2 milliards d’euros seront consacrés à la reconstruction et distribuent… des paroles sur la relance de la Wallonie ou sur un urbanisme adapté aux inondations. Cet argent arrivera certainement dans les poches de l’un ou l’autre entrepreneur, mais que vont devenir les sinistrés ?
Il est question de camping-cars et de containers maritimes reconditionnés en logement. Mais des fabricants préviennent déjà que, vu les pénuries de matériaux du secteur de la construction, les modules ne seront pas livrés avant 6 mois. Et bien sûr, ces entreprises ne livrent rien sans profit à la clé.
Le gouvernement propose également de donner la priorité aux sinistrés pour l’accès aux logements sociaux. Mais il n’y a que 400 logements disponibles pour toute la Wallonie… et 39 000 familles en attente. Rien que ces chiffres en disent long sur la façon dont le gouvernement a l’habitude de traiter l’urgence des besoins en logements de la population !
Et comme toujours, pour les travailleurs c’est la double peine. Car beaucoup de ceux qui dépendent d’un salaire, sont en plus confrontés à l’angoisse de perdre leur emploi. Comment se rendre au travail sans voiture alors que les transports en commun sont depuis longtemps réduits à leur plus simple expression ?
Quant à ceux qui travaillent dans une entreprise locale, comme par exemple, à la câblerie d’Eupen, une usine sinistrée qui emploie 800 personnes, ils se demandent si l’entreprise rouvrira un jour !
Pour avoir accès au fond des calamités, il ne suffit pas d’être en détresse, il faut déjà dépendre du CPAS et ces personnes ne pourront certainement pas prétendre à beaucoup. Aucune aide ne viendra de ce côté pour les travailleurs en activité, au chômage, à la mutuelle ou pensionnés.
Avec leurs moyens souvent réduits, les communes ne peuvent venir en aide aux sinistrés. Et les plus pauvres parmi eux doivent même s’attendre de leur part à des coups supplémentaires. Comme à Esneux où la bourgmestre MR a profité de la situation pour exproprier les résidents permanents du camping sous prétexte que les terrains sont en zone inondable, sans aucune solution de relogement !
Il existe pourtant en ce moment même des milliers de logements disponibles correctement équipés qui peuvent accueillir dès demain les familles sinistrées. Mais il s’agit des résidences secondaires de familles riches, ou de villas luxueuses qui sont réservées à ceux qui ont les moyens de les payer.
Il est hors de question pour les gouvernements d’y toucher. De même qu’il est hors de question de mettre à contribution les milliardaires de la soi-disant « équipe de 11 millions » ! Notamment pour embaucher avec des salaires et des conditions de travail correctes le nombre de travailleurs nécessaires pour reconstruire rapidement les logements détruits et de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir une meilleure protection de la population contre la prochaine inondation qui ne manquera pas d’arriver.
Les gouvernements gèrent cette crise de la même façon qu’ils ont géré la pandémie : soumis aux intérêts des riches et à la sacro-sainte propriété bourgeoise. Celles et ceux qui aident aujourd’hui leurs voisins à nettoyer et à déblayer les rues, comme celles et ceux qui n’ont pas compté leurs heures pour aider face à la pandémie, ont chaque jour des raisons supplémentaires de se révolter contre cette société capitaliste. Une société qui dispose de moyens comme jamais auparavant, mais incapable de garantir un toit à tout le monde !