Les salaires d’abord !

Le « handicap salarial », voilà un mot répété jusqu’à saturation ces dernier temps. C’est que le patronat tente d’imposer une nouvelle loi qui vise à baisser les salaires dans les années à venir.

Et tous à le calculer, ce fameux « handicap ». Il serait de 5,1% selon le Bureau fédéral du Plan, de 20% selon les organisations patronales, de 25% selon la NVA, de 0,5% selon les centrales syndicales. Une divergence dans les chiffres qui reflète surtout la détermination des uns et des autres d’imposer cette baisse des salaires… ou, pour les dirigeants syndicaux, le manque de détermination d’y résister.

Quant aux partis socialistes, ils ont refusé, pour l’instant, de geler les salaires au-delà de 2014. Ils n’envisagent pas non plus de nouvelle loi qui limiterait toute hausse de salaires à celles pratiquées dans les pays voisins, voire imposerait des baisses plus importantes. Non pas parce qu’ils sont contre ces mesures d’austérité envers les travailleurs, mais parce qu’ils trouvent qu’il vaut mieux prendre cette décision après les élections pour ne pas perdre trop de voix.

Car tous admettent le fait que ce seraient les travailleurs qui coûteraient, qu’ils seraient une « charge » et le fait qu’ils veulent pouvoir vivre de leur salaire, un « handicap ».

Et ce sont les responsables de la crise, les patrons qui engrangent des milliards de profits chaque année, sans même bouger le petit doigt, qui parlent ainsi ! Non, les travailleurs ne coûtent pas, ils rapportent ! Ce sont les travailleurs qui créent toutes les richesses et les capitalistes qui les gaspillent, en condamnant des usines à la rouille et les travailleurs au chômage, parce que ça leur fait plus de profits que de les faire tourner. Ce ne sont pas les salaires qui handicapent l’économie, ce sont les profits !

Les patrons veulent nous faire croire que s’il y a des licenciements partout, c’est parce que les salaires sont trop élevés ?! Une vieille rengaine de maitres chanteurs qu’on n’a que trop entendu. Ces trente dernières années, les salaires ont été entravés de tous les côtés : plusieurs sauts d’index dans les années 80 et des dévaluations monétaires ont fait perdre des mois de salaire aux travailleurs qu’ils n’ont jamais récupérés ; les manipulations de l’index – dont la plus importante a été l’index santé en 1993 qui ne tient plus compte des prix pétroliers – ont quasiment rendu inopérante l’indexation des salaires ; la loi sur la « norme salariale » de 1996 a limité toute augmentation à celle pratiquée dans les pays voisins… Et tout cela n’est toujours pas assez ? C’est que les patrons en veulent toujours plus !

Le bilan de ces décennies de reculs sous le chantage patronal est catastrophique pour toute la société. Accepter de nouveaux sacrifices pour sauver un système qui ne peut pas être sauvé ne ferait qu’aggraver la baisse de la consommation, les licenciements, les fermetures d’usines et le chômage. Il faut se préparer à rendre les coups. Il faut se préparer à opposer à la détermination des patrons à nous faire payer leurs profits, notre détermination à sauver nos salaires !

Il faut un travail et un salaire à tous. Et la première condition pour le garantir c’est d’imposer l’interdiction des licenciements ! Si les ventes baissent, qu’on partage le travail entre tous, sans perte de salaire. Aux capitalistes de prendre sur leurs profits, non aux travailleurs de perdre leurs salaires !

Les salaires doivent augmenter ! En dessous d’un salaire de 1600 € net, personne ne peut vivre dignement. C’est ce qu’il faut pour tout le monde. Et quand les prix augmentent, les salaires doivent suivre.

Les patrons diront qu’ils n’ont pas d’argent ? Qu’ils nous le prouvent d’abord ! Les patrons savent parfaitement et au centime près, combien gagnent les travailleurs. Cela ne les empêche pas de vouloir baisser nos salaires qui ne suffisent déjà pas. Les travailleurs doivent pouvoir contrôler les comptes des entreprises. On verrait alors que l’argent pour payer un salaire digne à tous existent, et largement !

Les travailleurs qui réclament ainsi simplement leur droit de vivre, seront traités d’irréalistes et d’irresponsables ? Mais ce ne sont pas les travailleurs les irresponsables, ce sont les capitalistes qui placent leur profit et leurs spéculations au-dessus de tout intérêt humain. Ils nous mènent de crise en crise et, comme l’a montré l’histoire, de la misère à la guerre. Les laisser faire et croire que tout s’arrangera, c’est cela qui est irréaliste !