Du 30 avril au 1er mai, les livreurs Ubereats ont fait grève à Bruxelles. Leur situation n’est plus tenable. Depuis maintenant cinq ans, le prix de la course est de 4,42 euros, peu importe la distance, et le trajet jusqu’au restaurant n’est même pas payé. Entre-temps, les prix ont grimpé de 20%. Ce n’est tout simplement pas possible de vivre comme ça, c’est une misère. La seule chose qui les fait tenir, c’est l’espoir de trouver un jour autre chose.
Mais ce n’est pas tout. Les livreurs sont aussi constamment confrontés au manque de respect des clients, des restaurateurs. Il y a bien sûr les clients qui ne respectent pas les livreurs, annulent ou donnent une mauvaise note, même sans raison, ce qui peut entraîner le blocage temporaire voire le licenciement du livreur. Il y a aussi des problèmes réguliers avec les restaurateurs.
Mais surtout, Ubereats rend la vie des livreurs infernale. Régulièrement, l’algorithme déconnecte le compte d’un livreur. Pour 3 minutes de retard sur une course de 8 minutes, un travailleur a été déconnecté, sans aucun moyen de s’expliquer car tout passe par l’algorithme. Lorsque trop de mauvaises notes ou de problèmes s’accumulent, un livreur peut être exclu par l’algorithme sans aucun moyen de savoir combien de temps cela va durer.
Ces conditions de travail désastreuses, cela fait des années que les livreurs les dénoncent. En se défendant, ils ont obtenu des droits de la part de la Justice belge, comme par exemple, le statut de salarié, gagné sur papier depuis le 1er janvier 2023.
Mais en pratique, ces lois ne sont toujours pas respectées et Ubereats continue d’engranger des profits en profitant de leur précarité en toute impunité. Alors les grévistes ont compris que seule la lutte paye. Ils exigent la fin des déconnexions abusives, le respect des décisions de justice, et une augmentation des tarifs à raison de 2 euros par course, de 50 centimes par kilomètre et de 1 euro par dix minutes d’attente chez un restaurateur.
Pour préparer la grève, des livreurs ont distribué des tracts et discuté avec leurs collègues livreurs, y compris des autres plateformes comme Deliveroo ou Take Away en se rendant dans les espaces fortement fréquentés. Des porte-paroles de la Ligue des travailleuses domestiques sans papiers sont venues apporter leur soutien aux grévistes.