Le tax shift : prendre aux pauvres pour donner aux riches

« Les travailleurs aux bas et moyens salaires auront 100 euros de plus en poche », ont martelé Charles Michel et compagnie jusqu’à saturation, s’appliquant à nous vendre leurs mesures fiscales comme « équilibrées », voire « sociales », et en tout cas extraordinaires. Mais à y regarder de plus près, leur « tax shift », c’est la continuation pure et simple de la politique menée depuis des décennies par tous les gouvernements : prendre aux travailleurs pour donner aux capitalistes.

Les fameux 100 euros de plus ne seraient atteints qu’en 2018, voire en 2020…  si ce gouvernement, ou le suivant, ne trouve pas de prétexte d’ici là pour revenir en arrière. Mais surtout, ce que le gouvernement promet de donner d’une main dans quelques années, il n’attend pas pour le reprendre déjà de l’autre : hausse de la TVA à 21% sur l’électricité, augmentation des accises sur le diesel, plus de taxes sur le soda.

Les budgets des régions et des communes vont être réduits. Les gouvernements régionaux et les bourgmestres compenseront cette réduction par de nouvelles taxes communales, en faisant payer les poubelles et le stationnement de plus en plus cher, et en supprimant des services utiles à la population, licenciements de personnel communal à la clé. Le gouvernement veut imposer tout cela aux travailleurs, chômeurs et pensionnés après 4 années de salaires gelés, un saut d’index, la diminution de leurs allocations et pensions.

Quant aux patrons, ils ont obtenu plus que des paroles : les cotisations sociales seront réduites de 33% à 25%. Et comme pour les impôts, il existe une myriade d’exceptions qui leur permettent de contourner les cotisations sociales, surtout pour les plus grandes entreprises. Déjà maintenant, ces exceptions font perdre 11 milliards d’euros par an à la sécurité sociale.

Comme d’habitude, le prétexte pour tous ces cadeaux, c’est l’emploi. En baissant les salaires les entreprises créeront des emplois, nous promet-on depuis des décennies. Mais c’est faux, pendant tout ce temps le chômage n’a jamais vraiment diminué ! D’ailleurs, les ministres comme les patrons ne s’engagent à rien, invoquant une « multitude de facteurs extérieurs » qui peuvent empêcher la création de ces emplois. En effet, personne ne sait dans ce système économique irresponsable où va nous mener la concurrence entre capitalistes. Mais en attendant, les profits des patrons sont sécurisés, mais pas les emplois et les salaires des travailleurs.

La seule chose qu’obtiennent les travailleurs, de ce gouvernement comme de ses prédécesseurs, c’est le mépris. Si le travail coûte si cher comme ils disent, on pourrait se demander d’où viennent tous les profits accumulés par les capitalistes ? Ceux par exemple qui permettent à AB Inbev de débourser 96 milliards pour acheter son concurrent SAB Miller ?

Il faudrait aider les patrons, parce qu’ils créent des emplois ? Pour le moment, ils en suppriment surtout, tout en empochant les cadeaux publics ! Et aucun patron n’embauche, si cela ne lui rapporte pas. Car sur les richesses produites par les travailleurs, les patrons ne leur retournent qu’une petite partie en salaire, le reste vient toujours grossir les profits. Non, les patrons ne sont pas les bienfaiteurs de la société, c’est une petite classe parasitaire qui vit de l’exploitation du travail de la majorité de la population.

Ce sont les travailleurs qui créent toutes les richesses. Ce ne sont pas eux qui coûtent cher, mais le fait que leur travail, plutôt que de servir au bien être de la collectivité, sert surtout à engraisser les capitalistes. Les usines tournent très bien sans les actionnaires… mais essayez de faire tourner une entreprise sans les ouvriers, les employés, les techniciens et les ingénieurs ? Rien ne serait produit, aucune marchandise ne serait transportée, aucune banque, aucun hôpital, aucune école ne tournerait sans les travailleurs qui les font fonctionner.

Alors oui, il faut refuser ces prêches de résignation et de soumission. Ce n’est rien d’autre que la voix des exploiteurs qui ne craignent qu’une chose : que les travailleurs se révoltent. Alors quand leurs profits augmentent au détriment des caisses publiques qui se vident,  quand nos salaires et nos conditions de vie se dégradent de plus en plus jusqu’à nous conduire à la misère, ils savent que la révolte risque d’éclater un jour.

Les travailleurs n’ont pas le choix. Ils doivent défendre leur peau contre leurs exploiteurs. Il faut commencer à s’organiser pour faire entendre les exigences des travailleurs face à la crise et préparer les luttes pour faire payer les capitalistes!