Ce que les élections de 2010 et un an et demi de négociations n’ont pas pu faire, les « marchés » (entendez : la poignée de grandes banques qui tiennent les leviers de l’économie) l’ont fait : le budget est bouclé et le gouvernement en voie de formation.
Ce sera le gouvernement et le budget des banques, pour ne pas dire leur dictature, vu que c’est sous leur pression que les dirigeants politiques se sont empressés de conclure leurs palabres. Mais la facture sera pour nous, pour tous ceux qui vivent de leur travail et pas de l’exploitation d’autrui.
Les banques, elles, exigent dorénavant un intérêt de près de 6% pour prêter à l’Etat, le même Etat qui s’est lourdement endetté pour… sauver ces mêmes banques. C’est pour servir ces intérêts presqu’usuriers, c’est pour enrichir les banques, leurs actionnaires et leurs riches clients, que les pensions seront réduites, les allocations de chômage diminuées, ainsi que les dépenses pour les soins de santé… si nous laissons faire.
Et ce n’est pas la présence du PS au gouvernement, même en occupant le poste du premier ministre, qui va protéger les travailleurs. Au contraire, c’est le PS, en tant que formateur ou premier ministre qui devra mettre en œuvre cette politique d’austérité en faveur des banques et des grandes entreprises.
Bien sûr, les dirigeants et ministres socialistes nous diront que sans eux, cela aurait été pire. Mais il suffit de regarder du côté de la Grèce et de l‘Espagne. Les socialistes au pouvoir n’ont fait qu’appliquer les mesures d’austérité demandées par les banques. Le premier ministre grec Papandréou a dû démissionner, quant au gouvernement Zapatero, il s’est tellement discrédité en 3 ans en appliquant la même politique que Sarkozy en France et Merkel en Allemagne, que le PS espagnol a perdu une grande partie de ses électeurs. Les capitalistes n’ont aucun problème pour s’appuyer sur un parti de gauche d’abord et sur les partis de droite, voire d’extrême droite ensuite, quand cela sert leurs intérêts.
Les partis socialistes ont participé quasiment sans interruption à tous les gouvernements depuis 1978 et assumé tous les programmes d’austérité de ces 30 dernières années. Cela fait bien longtemps que les partis socialistes se sont mués en gestionnaires de l’Etat de la bourgeoisie, à l’égal des partis libéraux et sociaux-chrétiens.
Ils sont responsables, disent-ils. Oui, responsables vis-à-vis des intérêts capitalistes ! Mais nos emplois et nos salaires, la seule chose que nous avons pour vivre dans ce système, ce n’est pas eux qui les protégeront.
Les travailleurs n’ont été forts et n’ont pu défendre leurs intérêts qu’avec leurs luttes ou les menaces de luttes. Les « acquis » sociaux menacés aujourd’hui – les pensions, l’indexation des salaires, les droits syndicaux – sont eux-mêmes bien plus le résultat de la peur des patrons face à une classe ouvrière qui avait montré sa combativité que de la participation de socialistes aux gouvernements.
Cette force, nous l’avons, il ne reste qu’à en prendre conscience ! Et s’organiser. Et alors, la peur peut très vite changer de camp, pour imposer que le patronat partage le travail qui reste au lieu de licencier, pour imposer que les salaires et les pensions augmentent au moins autant que l’inflation.
Et lorsque cette force se développera, nous verrons que nous avons la possibilité d’organiser un vrai changement de société où ce ne sera plus le profit, mais les intérêts de la collectivité qui seront au centre de l’économie.
Tous à la manifestation le 2 décembre !
Les syndicats appellent à une manifestation nationale le 2 décembre. Il est important d’y être nombreux. Allons-y pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions.
Bien sûr, une seule manifestation nationale ne suffira pas de faire reculer le patronat et leurs représentants au gouvernement. Et les dirigeants syndicaux ont déjà fait la preuve qu’on ne peut pas compter sur eux pour organiser un véritable plan de défense des intérêts des travailleurs.
C’est pour cela que nous devons compter sur nous-mêmes pour nous organiser et convaincre nos collègues, et aller plus loin qu’une manifestation quand nous nous sentirons suffisamment nombreux et forts.