Voilà plus d’un mois que le président du Niger, Bazoum, a été renversé par la junte militaire. Ce coup d’État est le sixième en Afrique depuis 2020 et le quatrième au Niger depuis son indépendance. Comme au Burkina Faso et au Mali, les généraux se présentent comme plus capables que les gouvernements précédents à rétablir une certaine sécurité et se montrent hostiles à la présence de l’impérialisme français.
C’est pourquoi une partie de la population regarde ce coup d’État avec espoir. Des manifestations de soutien ont exprimé la légitime colère de la population contre le pillage imposé par la France, l’ancienne puissance coloniale. Mais, même s’ils le voulaient, ces nouveaux dirigeants sont en réalité incapables de s’émanciper de la tutelle de l’impérialisme occidental. Les grands groupes et multinationales dominent les marchés mondiaux et c’est cette domination économique qui oblige les pouvoirs des pays ex-coloniaux à se ranger derrière les grandes puissances.
Mais ces coups d’État réduisent le poids de l’impérialisme français par rapport à ses concurrents, notamment américain, voire russe ou chinois. Macron aurait souhaité une intervention militaire de la part des pays africains voisins. Le Niger abrite en effet l’une des dernières bases militaires françaises du Sahel et, alors que sa population n’a souvent pas accès à l’électricité, il fournit une partie de l’uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises.
La France comptait sur le soutien des États-Unis, qui ont, eux aussi, des intérêts au Niger. Mais pour le moment les nouveaux dirigeants ne remettent pas en cause la présence américaine et le gouvernement américain s’est opposé au déclenchement d’une intervention militaire.
L’éventualité d’une intervention militaire semble donc de plus en plus hypothétique mais ce qui est certain, c’est que les enjeux des luttes de pouvoir qui se déroulent actuellement en Afrique dépassent les limites du continent. C’est un des multiples fronts des grandes manœuvres de l’impérialisme américain pour contenir ses rivaux russe et chinois, mais aussi un théâtre des rivalités entre grandes puissances.
Ces pouvoirs militaires ne résoudront aucun des problèmes de la population de ces pays. Que ce soient des pouvoirs militaires ou des gouvernements civils, ils acceptent la soumission aux intérêts des grandes puissances, qu’elles soient européennes, américaine, russe ou chinoise.
Seul le renversement de la domination capitaliste représente un avenir, avec l’union des travailleurs africains et ceux des autres continents.