Début janvier, le ministre Diependaele (N-VA) a annoncé vouloir offrir la bagatelle d’un demi-milliard d’euros aux constructeurs immobiliers du secteur privé !
Cela représente la moitié du budget dédié au logement social en Flandre. Sans chercher, Diependaele a trouvé une utilisation pour cette somme : les patrons privés que les gouvernements ont toujours à cœur de servir au mieux.
En passant, Diependaele exprime son mépris des locataires sociaux en montrant du doigt ceux qui possèdent un logement dans leur pays d’origine.
Sans vergogne, il prétend que soutenir les promoteurs privés servirait les travailleurs modestes qui ne remplissent pas les conditions pour obtenir un logement social, comme les jeunes diplômés. Et une fois de plus, il ressort ce vieux couplet archi-usé et raciste des braves gens qui bossent dur face aux profiteurs des allocations sociales, et qui parfois sont d’origine immigrée en plus… Quel manque d’originalité dans le cynisme !
Aujourd’hui, les chiffres officiels citent 170 000 familles en attente de logement social. Un chiffre tellement élevé que même les partis politiques traditionnels ont désapprouvé la sortie de Diependaele, car, si cette politique de soutien aux capitalistes est aussi la leur, les manières du ministre ont été un peu trop brutales.
170 000 familles en attente d’un logement social, cela signifie autant de familles qui ne vivent pas dignement. Combien de personnes âgées et d’enfants cela fait-il qui vivent dans la débrouille, dans des logements beaucoup trop exigus, dans une humidité permanente ou dans le danger des incidents électriques ? Sans parler des familles qui doivent vivre à la rue.
Toute cette misère alors que les villes débordent de logements vides. Rien que pour la ville de Gand, des bénévoles avaient recensé 600 maisons vides au printemps passé… Ils dénonçaient non seulement le nombre terrible de sans-abris dans la ville, mais aussi l’incurie de l’administration qui ne fait même pas payer les taxes auxquelles sont théoriquement astreints les propriétaires qui laissent les bâtiments abandonnés pourrir sur pied pour des raisons de spéculation immobilière.
Le simple fait que le recensement soit fait par des bénévoles en dit long sur l’inaction des communes, des villes et des gouvernements. Clairement Diependaele fait des économies sur son budget parce que le gouvernement veut diminuer les dépenses publiques en matière de logement, comme dans tous les autres services publics.
Dans ce capitalisme en crise, les gouvernements se déchargent toujours plus d’organiser le logement de la population, et cela alors même que le chômage, les bas salaires, les loyers exorbitants, l’endettement poussent de plus en plus de familles à la rue.
Les ministres prétendent s’inquiéter des travailleurs modestes mais ils laissent les capitalistes tout faire : abuser des contrats intérimaires et à durée limitée dans tous les secteurs ; faire flamber les prix du gaz, de l’électricité et de l’essence dans le secteur de l’énergie ; geler les salaires ; exploser les prix de l’alimentaire…
Les travailleurs, en relevant la tête, pourront faire barrage aux profiteurs privés de l’immobilier. Alors il sera possible de s’organiser pour recenser les logements vides et en planifier la rénovation, ainsi que pour faire construire les logements neufs nécessaires.