Le grand show des milliardaires à Notre-Dame

Voir Notre-Dame et l’œuvre des charpentiers du Moyen Âge partir en flammes, ça fait mal au cœur. Mais  voir la grande messe nationaliste qui a suivi et la mise en scène de la prétendue générosité de la grande bourgeoisie moyennant une pluie de centaines de millions, c’était simplement écœurant.

En deux nuits, une poignée de grands bourgeois, les Arnault, Pinault ou Bettencourt, a mis près d’un milliard d’euros sur la table pour reconstruire Notre-Dame de Paris.

Ainsi les capitalistes, à les entendre toujours au bord de la catastrophe, incapables d’augmenter les salaires, voire contraints de licencier, obligés de choisir leur domicile en Suisse ou en Belgique pour ne pas se voir « étranglés » par les impôts, peuvent trouver des centaines de millions en un claquement de doigts.

En plus, ces dons n’en sont peut-être pas vraiment. Déductibles des impôts à 66%, voire à 90%, ce sont les contribuables qui financeraient la reconstruction… si le show est vraiment suivi d’actes.

Certes, face à l’indignation, certains ont annoncé vouloir renoncer à la déductibilité, d’autres que la déductibilité ne s’appliquait pas sur leur don…mais l’opération de publicités sera tout aussi profitable. On pourra lire les noms des « généreux donateurs » sur les bâches du chantier, dans les reportages des télévisions du monde entier, dans toutes les boutiques des aéroports des cinq continents. Leurs services comptables ont déjà évalué les retombées de cette campagne publicitaire mondiale.

Ainsi, la grande opération d’urgence nationale de Macron censée unir toute la nation derrière la reconstruction de l’édifice emblématique, a surtout révélé le profond clivage qui traverse la France comme tous les pays : d’un côté la poignée de grandes fortunes qui possèdent les grandes entreprises et les banques et qui accumulent des milliards, de l’autre la grande majorité qui doit travailler pour gagner un salaire souvent insuffisant et qui s’appauvrit.

Depuis cinq mois, les manifestations des gilets jaunes témoignent de l’urgence d’augmenter les salaires, pensions et allocations. Depuis plusieurs mois aussi, des grèves dans les hôpitaux et les maisons de repos témoignent de l’urgence de refinancer ces structures et d’y embaucher. Il y a 200 000 sans-abris en France qui attendent un toit bien plus simple à construire que celui de Notre-Dame…

Alors, la moindre des choses aurait été que les classes populaires aient leur mot à dire pour déterminer quelle action de l’État était la plus urgente. Mais quand les Macron et ses homologues dans les autres pays parlent de « nation » et d’unité, cela signifie toujours qu’ils veulent voir les classes populaires se taire et se mettre en rang derrière la bourgeoisie.

En fait, la société a les moyens et pour financer les besoins collectifs et pour reconstruire et entretenir correctement les grands monuments de l’humanité.

Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, si les fins de mois arrivent toujours plus tôt, si le chômage pèse sur toutes les familles de travailleurs, si les services publics sont délabrés, c’est justement pour gaver cette poignée de multimilliardaires !

Car c’est notre misère qui fait leurs richesses ! Ainsi, Arnault, pour ne donner qu’un exemple, fait partie de ces actionnaires de Carrefour qui se sont distribués 350 millions d’euros de dividendes, tout en annonçant une nouvelle vague de suppressions d’emplois en France.

Oxfam a révélé en janvier que les 26 plus riches milliardaires au monde (dont Arnault et Bettencourt) possèdent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Et la fortune de ces 26 a augmenté de 900 milliards de dollars en un an, soit l’équivalent de deux fois le PIB belge (l’ensemble des richesses créées en un an) ou 2,5 milliards par jour !

Et bien sûr, en Belgique, nous avons les nôtres, même s’ils préfèrent largement vivre à l’ombre. Ainsi, 6 familles, dont Vandamme (AB Inbev), Spoelberch et de Mevius (AB Inbev), Frère et Colruyt, possèdent à elles seuls au moins 50 milliards d’euros.

Oui, pour changer notre sort, il faut se préparer à aller chercher l’argent là où il est, et en fin de compte exproprier cette classe de parasites ! Les travailleurs en ont les moyens, parce que c’est justement leur travail qui génère ces richesses. Les Arnault, Spoelberch et compagnie sont le passé. Ils finiront comme les rois de Versailles, balayés par une puissante révolution. Un de ces jours, l’étalage arrogant du butin qu’ils ont volé à la population, fera voler l’étincelle qui allumera l’incendie social.