Et revoilà une nouvelle crise institutionnelle ! Les négociations pour le gouvernement fédéral achopperaient en particulier sur le financement de Bruxelles et sur les règles de transfert des finances fédérales vers les régions et les communautés. C’est effectivement le problème de fond, car tous les négociateurs disent qu’il va falloir trouver 25 milliards d’euros d’économies pour renflouer le trou dans les finances de l’État, creusé par la faillite des banques en 2008.
Ce qu’aucun de ces soi disant défenseurs des intérêts francophones ou flamands ne met en question, c’est l’austérité que les patrons et actionnaires veulent imposer à la population, qu’elle parle flamand ou bien français. La dette de l’État a été créée par les spéculations des banques qui les ont conduites à la faillite et bloqué toute l’économie. Mais c’est dans les poches de la population et en premier lieu des travailleurs, des chômeurs, des pensionnés, des malades, qu’ils s’apprêtent à prendre pour donner aux riches actionnaires. Pourtant les banques refont des profits, les entreprises cotées en Bourse retrouvent leurs profits record d’avant la crise de 2008.
Ce serait donc aux banques, aux actionnaires millionnaires de rembourser la dette de l’État, pas à la population.
Mais cela fait 50 ans que les politiciens des deux parties du pays se servent de la division communautaire pour imposer les sacrifices à la population. D’après le vieux principe de « diviser pour mieux régner ».
Ainsi, dès les années 60, les « socialistes » wallons ont désigné la Flandre comme responsable du déclin de l’industrie lourde. Il fallait, disaient-ils dans les années 70, que la Wallonie puisse décider elle-même quelles entreprises, quels patrons, elle subventionne. C’est avec cet argument là que la caste politique wallonne poussait à la division du pays et la création des régions. La grande bourgeoisie belge a ainsi pu encaisser des milliards de subventions, au niveau régional comme au niveau fédéral, tout en supprimant des centaines de milliers d’emplois.
Les travailleurs flamands n’ont pas mieux à attendre du « confédéralisme » que prônent les partis flamands d’aujourd’hui, que ce que le « fédéralisme » a apporté aux travailleurs wallons. Ainsi, les attaques verbales constantes contre les chômeurs wallons de certains partis flamands, ce sont déjà transformées en mesures draconiennes contre les chômeurs… flamands. Ce sont les patrons qui en profitent. Ils peuvent ainsi imposer des salaires très bas, des conditions de travail précaires et hyperflexibles aux jeunes travailleurs qui, menacés de perdre leurs allocations, sont obligés de tout accepter.
Ainsi c’est sur base de politiques anti-ouvrières incessantes que les politiciens ont découpé la Belgique dans un meccano de plus en plus compliqué, de plus en plus difficile à gérer. Mais la seule chose qu’ils ont à proposer c’est de la découper encore plus, soi-disant pour tout simplifier. Et cela avec d’autant plus de fougue que la facture qu’ils s’apprêtent à nous faire payer devient plus lourde. Et ils comptent qu’en opposant flamands, wallons, bruxellois, immigrés, etc… ils diviseront la classe ouvrière et affaibliront ses réactions contre les mesures d’austérité que les patrons demandent.
Car dans ce monde capitaliste, ce n’est pas l’intérêt du plus grand nombre qui prime. On ne peut pas faire confiance à une classe capitaliste qui est prêt à risquer une crise mondiale au casino boursier et qui, une fois que c’est arrivé, continue la spéculation au risque de voir des Etats faire faillite. Et on ne peut pas plus faire confiance à leurs valets que sont les De Wever, Leterme, Di Rupo, etc.
Nous ne pouvons plus laisser patrons et ministres décider de notre sort. Face à leur incurie, nous n’avons pas à choisir entre les drapeaux nationalistes qu’ils agitent pour faire diversion. Il faut que nous levions le drapeau des travailleurs, de ceux qui font tout fonctionner dans cette société : les usines, les transports, les hôpitaux, les administrations, les écoles… tandis que la classe capitaliste ne fait que détruire.
Ce n’est pas nous qui sommes responsables de la crise et ce n’est pas à nous de payer. Arrêtons de distribuer l’argent public aux actionnaires des entreprises et des banques, qu’on interdise les licenciements dans les entreprises qui font du profit ou qui en ont fait et qu’on prenne sur les profits pour créer les emplois ! Les patrons sont irresponsables, alors mettons les sous tutelle : il faut lever le secret commercial pour soumettre les comptes des entreprises au contrôle des travailleurs pour qu’on puisse voir d’où vient l’argent et où il va. Il faut exproprier les banquiers et regrouper les banques en une seule grande banque soumise au contrôle des travailleurs.
Ces mesures qui sont des simples mesures de salut public, aucun ministre ne les imposera, aucune élection n’en fera une réalité, mais les travailleurs en lutte peuvent les imposer. Que de telles luttes éclatent dans toutes les langues c’est la seule chose que les travailleurs ont à espérer… et à préparer.