Après 4 jours où Bruxelles était envahie par des blindés et des soldats en armes qui patrouillaient à chaque coin de rue, voilà la menace terroriste ramenée du niveau 4 au niveau 3.
Le terroriste survivant des attentats de Paris n’a pourtant pas été trouvé et la plupart des personnes arrêtées ont dû être relâchées. La menace sur le chiffre d’affaires des grandes surfaces et des Plaisirs d’hiver pesait sans doute plus lourd dans cette décision que la menace terroriste.
Mais de toute façon, l’action spectaculaire de l’armée ne pouvait pas être plus qu’une gesticulation du gouvernement. Car même si des terroristes présumés avaient été trouvés, tout l’arsenal policier et militaire déployé dans les rues n’empêchera pas un prochain attentat. Depuis l’attentat sur le musée juif en mai 2014 et les attentats contre Charlie Hebdo en janvier dernier, l’armée garde de nombreux points sensibles, ici comme en France. Cela n’a rien empêché.
Le fait que dans nos quartiers des jeunes peuvent se transformer en candidats de la mort, montre surtout à quel point cette société est malade. Une société qui, depuis des décennies, diminue les moyens de l’enseignement et toutes les dépenses utiles à la collectivité, et laisse les actionnaires riches à milliards condamner la jeunesse au chômage, c’est une société qui marche à l’envers et qui ne peut que générer ce genre de monstres assassins.
Mais ce déploiement militaire démonstratif a déjà servi à augmenter les budgets de la police et de l’armée, une armée qui compte bien participer aux opérations militaires contre Daech en Syrie.
Pourtant, ces guerres « contre le terrorisme » n’ont fait qu’alimenter le terrorisme. En six ans de présence en Afghanistan, l’armée belge y a effectué plus de 16 000 heures de vol d’un coût estimé à 8 000 euros l’heure et bombardé de nombreuses cibles. Dans ce pays détruit, l’obscurantisme religieux est plus installé que jamais et les Talibans sont aujourd’hui de retour pour terroriser la population.
L’armée belge a participé à la guerre contre l’Irak depuis 2003 détruisant l’État du dictateur Saddam Hussein et mettant en place un régime qui exclut les Sunnites. On trouve ceux-ci aujourd’hui à la tête de Daech. Le résultat a été une nouvelle intervention militaire en 2015 contre Daech sur le sol irakien, toujours en cours.
L’armée belge a participé aux interventions en Libye en 2011 contre la dictature de Kadhafi, avec comme résultat deux gouvernements concurrents et une multitude chefs de guerre dans un pays plongé dans le chaos. Un chaos qui a permis au groupe terroriste Boko Haram de se fournir en armes et semer la terreur au Mali. Là aussi, la Belgique a participé aux interventions de la France et 80 soldats sont toujours stationnés dans ce pays, sans que cela ait empêché la prise d’otages sanglante du 20 novembre dernier à Bamako, revendiquée par Daech.
Et aujourd’hui, on voudrait nous faire approuver la participation à la coalition militaire contre Daech en Syrie que Hollande tente de mettre sur pied ! Et Poutine qui, hier encore, était désigné comme ennemi de l’Europe en Ukraine et qui n’a de cesse de soutenir le dictateur syrien Bachar al-Assad, responsable de la mort de 230.000 Syriens, serait un élément clé de la coalition ? Quel nouveau monstre sortira de cette guerre-ci ?
Mais l’avion russe abattu par la Turquie montre aussi à quel point les intérêts de différents puissances actives en Syrie divergent et peuvent rapidement s’opposer. Une preuve de plus que les guerres qui ravagent cette région, comme tant d’autres, n’ont rien à voir avec la religion ou un prétendu « choc des civilisations », mais qu’il s’agit encore et toujours de guerres pour le contrôle des richesses et des populations, au profit des grands groupes capitalistes. Cette concurrence entre groupes capitalistes a déjà plongé le monde par deux fois dans des guerres mondiales d’une barbarie qui n’a rien à envier à Daech. Une menace qui guette de nouveau l’humanité toute entière.
L’armée est au service de la classe capitaliste. Elle ne nous protégera pas des terroristes. Par contre, elle est déjà déployée pour, demain, protéger les intérêts capitalistes contre tous ceux qui voudraient ne pas accepter le chômage, l’exploitation et les guerres.
Alors non, il ne faut pas marcher derrière ces dirigeants politiques de tout bord qui profitent de l’émotion et de la peur pour nous embrigader derrière leurs objectifs militaires, tout en intensifiant la guerre sociale qu’ils mènent ici contre les classes laborieuses, avec le chômage et la baisse des revenus. La seule unité qui nous fera avancer dans le bon sens est l’unité des travailleurs conscients de leurs intérêts : à bas le chômage et la misère, à bas le capitalisme et ses guerres !