L’assemblée générale de Dexia a donc approuvé la gestion du conseil d’administration de Dexia. L’administrateur délégué Mariani et le président du conseil d’administration Dehaene peuvent empocher leurs rémunérations de quelques millions d’euros par tête et partir à la retraite avec un parachute doré.
Les frais de la débâcle de Dexia sont pour les communes qui ont déjà perdu au moins 2 milliards d’euros dans l’affaire. Moins d’emplois communaux, moins de places à la crèche, des personnes âgées et handicapées abandonnées à leur sort, des impôts communaux augmentés, des bâtiments d’écoles en piteux état, voilà comment, notamment dans les communes les plus populaires, la population paye déjà maintenant la déroute bancaire.
C’est avec l’argent des contribuables que la banque a été sauvée en 2008 : le fédéral, les régions et le holding communal y avaient injecté 3 milliards. Jusqu’à ce qu’en 2011, l’Etat intervienne une nouvelle fois en urgence. Il a alors racheté la partie banque – aujourd’hui Belfius – pour 4 milliards et laissé le holding communal faire faillite.
Ce sont tous ces milliards-là qui ont aggravé l’endettement de l’Etat et qui servent de prétexte pour nous imposer une retraite en baisse, des soins de santé réduits, un enseignement plus cher…
Et cela ne se limitera peut-être pas à ça, car l’Etat s’est porté garant pour Dexia pour un montant de 54 milliards d’euros. Si cette garantie devait être déboursée, il est plus que probable que la même spirale infernale se mette en route pour la Belgique que celle qui aspire déjà la Grèce, l’Espagne, le Portugal… dans les abîmes de la faillite.
Alors tous les actionnaires, y compris l’actionnaire public, espèrent que le groupe Dexia, qui affiche une perte de près de 12 milliards d’euros en 2011, revienne dans le vert et affiche à nouveau du profit.
Mais cela signifie que Dexia – et Belfius – doivent continuer à spéculer… et y gagner. En 2010, Dexia espérait pouvoir récupérer l’argent perdu dans la spéculation des subprimes en spéculant avec l’argent public sur les dettes des Etats qui s’étaient endettés le plus en sauvant leurs banques, et notamment sur la dette grecque. Avec le résultat qu’on connaît. Et aujourd’hui, la banque spéculera sur quoi pour faire des profits ? Le riz des affamés du monde ? Les armes ? Le pétrole ? Ou un peu sur tout pour « répartir le risque » ? Et perdre encore plus ?
En tout cas, ce n’est pas la crèche communale gratuite, l’hôpital public qui soigne tout le monde, l’école dans un quartier populaire… qui vont compter parmi les investissements intéressants pour la banque.
Alors si les banques n’ont pas d’autre option que le casino de la spéculation mondiale, les ministres semblent n’avoir comme seule option que de se demander, s’il vaut mieux renflouer la banque de 10 milliards maintenant ou débourser la garantie de 54 milliards plus tard.
Et voilà comment notre niveau de vie, la sécurité sociale, les services publics, nos pensions, l’avenir de nos enfants, sont devenus une gigantesque mise dans un casino où personne ne contrôle plus rien et qui risque de s’effondrer à tout moment.
Alors non, les travailleurs n’ont aucune raison d’accorder leur confiance à ce système et à ses dirigeants. Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans la banqueroute du système capitaliste et du profit à tout prix.
Un système qui, avec tous les milliards dont il dispose, n’arrive à aucun autre résultat que de faire reculer le niveau de vie de la population, c’est un système qui a fait faillite, un système qu’on ne peut plus sauver, qu’il faut combattre et qu’on doit remplacer par une économie sans course au profit, une économie au service de la population et contrôlée par elle.
C’est pour cela qu’il est indispensables que les travailleurs conscients se donnent comme objectif d’exproprier les banques, de les fondre en une seule et de la soumettre au contrôle des travailleurs, et de convaincre leurs camarades de cette perspective.
Pour briser ce cercle infernal, il n’y a en effet aucune autre solution que de faire en sorte que ceux qui dirigent les banques doivent rendre des comptes. Et non pas à ceux qui leur demandent de faire le plus de profit, que ce soient les actionnaires privés ou publics, mais aux travailleurs. Car ce sont les travailleurs qui mesurent le succès d’une économie non pas au « taux de profit », mais à la qualité de vie de tous, au fait que personne ne reste sur le carreau, que les jeunes aient toutes leurs chances et toute leur place dans la société, que personne ne dorme dehors…, parce que c’est là leur intérêt.
C’est sous cette condition indispensable d’arracher le pouvoir sur l’économie aux capitalistes, que les richesses que nous produisons, que nos ainés ont produites, échapperont à la destruction dans l’intérêt de quelques-uns, mais pourront enfin servir à tous !