Les dirigeants des trois syndicats appellent en front commun à une manifestation à Bruxelles le 16 mai contre la réforme des pensions du gouvernement Michel.
Pourquoi maintenant ? Les raisons restent opaques pour les travailleurs qui ne sont pas consultés. Les directions syndicales poursuivent leurs propres objectifs qui est d’être associées aux discussions avec le patronat et les gouvernements.
Mais ces calculs bureaucratiques ne doivent pas détourner les travailleurs de la nécessité de participer le plus largement possible à ces mobilisations. Depuis 4 ans en effet, le gouvernement Michel fait payer aux travailleurs sa politique de cadeaux au patronat et aux actionnaires. Les cotisations patronales et l’impôt des sociétés ont été baissés de 33% à seulement 25%. Les attaques du gouvernement contre les travailleurs sont directement liées à ces mesures : ce que le gouvernement donne aux plus riches, il le prend dans nos poches. Le relèvement de l’âge légal de la pension à 67 ans et le système des pensions à points, sont deux méthodes utilisées pour baisser le montant des pensions, qui sont déjà souvent sous le seuil de pauvreté.
De son coté, la ministre de la santé, Maggie De Block, a réalisé 3 milliards € d’économies sur son budget. De nombreuses catégories de médicaments sont moins remboursées. La baisse du financement des hôpitaux s’est traduite par des fermetures de services, des suppressions de lits, des pertes d’emplois et une charge de travail accrue pour le personnel soignant. Le financement des mutuelles devient conditionné « au retour des malades de longue durée au travail », une formule qui cache hypocritement le fait que deux tiers des travailleurs concernés se sont retrouvés… au chômage.
Charles Michel défend sa politique en mettant en avant 150 000 emplois créés. Cette vantardise est dérisoire, devant les 360 000 chômeurs indemnisés, les 155 000 qui dépendent du Revenu d’Intégration Sociale, sans compter tous ceux qui n’ont ni salaire ni revenus et qui ne sont pas recensés.
Grâce aux baisses de cotisations patronales, grâce aussi aux mesures d’exclusions des chômeurs du gouvernement Di Rupo, les employeurs peuvent embaucher à bon marché des travailleurs précaires.
Mais la faible reprise actuelle ne profite qu’aux riches. Le bénéfice des entreprises augmente ? Les dividendes versés aux actionnaires aussi. Mais les salaires des travailleurs, eux, stagnent quand ils ne régressent pas. Les patrons profitent du chômage pour dissuader les travailleurs de réclamer des salaires plus corrects.
Même des économistes fervents défenseurs du capitalisme en tirent la conclusion que cette faible reprise économique ne va pas durer. Ils constatent que l’argent des riches, et les aides des gouvernements aux banques et aux grandes entreprises, alimentent une spéculation plus importante encore qu’en 2007 et avertissent de la menace d’un nouveau krach financier aux conséquences économiques plus dévastatrices qu’en 2008.
Alors, la nécessité pour les travailleurs de se préparer à se défendre est plus grande que jamais. Et pas seulement contre le gouvernement actuel. C’est le fonctionnement de toute l’économie capitaliste qui doit être remis en cause.
Les travailleurs sont la force la plus importante dans la société. Il leur manque la conscience de se rassembler et d’utiliser cette force pour mettre fin au capitalisme. Ce que n’envisagent absolument pas les dirigeants syndicaux : ils veulent seulement être reconnus comme « interlocuteurs » des patrons et des gouvernements.
Mais, malgré ces limites des dirigeants, les mobilisations syndicales peuvent permettre d’exprimer publiquement son opposition à la politique patronale et préparer les luttes à venir.