L’austérité ? Le PS s’y connaît !

« Nous n’avons jamais caché, et je l’ai dit il y a longtemps déjà, que nous n’échapperons pas à la rigueur. Mais n’est-il pas préférable d’organiser nous-mêmes la rigueur plutôt que d’accepter la rigueur des autres ? » déclarait en 1992 le régionaliste Jean-Maurice Dehousse. Ce responsable du PS dénonçait alors les partis flamands, au lieu de dénoncer les patrons, qui sont les vrais responsables de la rigueur.

Faire croire qu’un gouvernement PS permettrait d’échapper aux mesures d’austérité de l’Arizona, c’est tromper délibérément les travailleurs ! Des dizaines d’années de gouvernements ont appliqué les politiques d’austérité exigées par le patronat, avec la participation du PS sous prétexte « d’éviter le pire ». Souvent le PS a appliqué une politique plus dure que ne l’osaient des gouvernements de droite !

Même en se limitant aux gouvernements fédéraux à participation socialiste à partir des années 1990, le mensonge de ceux qui suggèrent que « pour se défendre de l’austérité, il faut voter PS » est manifeste.

Dehaene I (1992-1995)

Le gouvernement Dehaene a pour vice-premier ministre Guy Coëme (PS) et compte plusieurs ministres socialistes. La participation du PS sert à imposer le « Plan Global de 1993 », un paquet de mesures d’austérité anti-ouvrières et pro-patronales. Une grève puissante y a répondu, ce qui n’a pas empêché le PS de voter les mesures.

Ainsi, le PS participe au gel des salaires pendant deux ans, gel de l’indexation complète pendant six mois, réduction de la majoration salariale pour les heures supplémentaires dans certains secteurs…

Le gouvernement Dehaene, avec le PS, attaque aussi les allocations de chômage, allonge et durcit les conditions d’accès. En particulier, le délai de carence est augmenté à six mois pour les jeunes. Durant les années 90, ce sont des centaines de milliers de bénéficiaires qui sont temporairement ou définitivement exclus des allocations de chômage.

Ce gouvernement mène également les premières atta­ques contre le repos du dimanche. La coalition chrétiens­socialistes légalise l’ouverture des commerces le dimanche dans les zones touristiques.

Il cherche également à précariser les contrats travail, exonère de charges les contrats à durée déterminée, les patrons ayant besoin d’embauche y recourent alors d’autant plus, au détriment des CDI.

Les patrons, eux, font le plein de cadeaux : les réductions et exonérations d’impôts et de cotisations patronales se multiplient !

Le PS prétend avoir obtenu des « compensations » : la création des précurseurs des actuels titres-services, et la revalorisation de certaines pensions. Donc rien qui coûtera aux patrons.

Dehaene II (1995-1999)

Elio Di Rupo (PS) est vice-premier ministre, ministre de l’économie et des télécommunications. Le patronat bénéficie de la « loi sur la compétitivité » de 1996.

La loi de 1996 pérennise le gel partiel des salaires imposé par le gouvernement précédent via la « modération salariale », qui est à l’origine de la « norme salariale » qui, aujourd’hui encore, sert de justification juridique au blocage des salaires réels.

Sous la vice-présidence de Di Rupo, le gouvernement prévoit également de nouvelles diminutions de cotisations patro­na­les et l’augmentation de certaines exonérations fiscales.

C’est aussi ce gouvernement qui poursuit la vague de privatisations entamée sous le gouvernement précédent. Notamment, la préparation de la privatisation de La Poste, la privatisation de 50% de Belgacom, qui fait suite à celles de la Société Nationale d’Investissement, la Société Nationale du Crédit à l’Industrie, du Crédit Agricole, la Régie des Voies Maritimes…

Verhofstadt II (2003–2007)

Le PS est de retour à la gestion des affaires de la bourgeoisie, avec Vande Lanotte à l’Économie et Van den Bossche à l’Énergie.

Les cadeaux du patronat explosent. C’est le « Big Bang fiscal » avec, en particulier, la baisse de l’impôt des sociétés de 40 à 33 %, et l’exonération des plus-values sur les actions détenues depuis plus de cinq ans.

Di Rupo (2011–2014)

Le PS revient aux affaires pour appliquer l’austérité et faire payer la crise financière de 2008 aux travailleurs. Ce gouvernement à présidence socialiste a gelé les dépenses publiques, reculé l’âge des pensions (et jeté les basse de la réforme menée par le gouvernement Michel après lui), durci l’accès aux allocations de chômage et ainsi expulsé des dizaines de milliers de chômeurs vers les CPAS. Il s’attaquera à la sécurité sociale, avec notamment un plafonnement des remboursements médicaux (notamment pour des soins dentaires).