La catastrophe de Ghislenghien avait révélé les manquements patents de l’organisation des secours d’incendie et de l’aide médicale urgente. Pour y remédier, une réforme des zones de secours a été décidée en 2007. Il était prévu que le gouvernement fédéral finance 50% des zones de secours, le reste étant à charge des Régions et des pouvoirs locaux.
Mais voilà, les gouvernements fédéraux n’ont jamais payé leur part. En 2019, seuls 62 millions sur les 284 millions nécessaires ont été octroyés par le fédéral, soit seulement 20%. Les 75% restant étaient essentiellement à charge des communes. Mais celles-ci sont financièrement étranglées. Les dépenses des CPAS ont explosé avec les exclusions des chômeurs. Et le gouvernement wallon les laisse se débrouiller seules avec le financement des pensions de leur personnel.
En juillet, devant la situation de quasi-faillite d’une grande partie des communes wallonnes, la Gouvernement wallon a décidé d’obliger les provinces à prendre progressivement en charge la plus grosse partie du financement des zones de secours. Cette intervention des Provinces doit passer de 10% en 2020 à 60% en 2024.
Le président du conseil provincial du Hainaut, le socialiste Serge Heustache, reconnaît lui-même que cette décision est « une folie ingérable ». En effet, les 60 millions du budget de fonctionnement de la province seront complètement engloutis par les zones de secours en 2024. Dans le cas de la Province de Namur, les dépenses passeront de 5,5 millions cette année à 23 millions d’euros en 2024, soit environ un cinquième de son budget.
Pour faire face à ces nouvelles dépenses, les Provinces prévoient d’importantes coupes dans les services, le personnel et les subsides accordés à certaines asbl et hôpitaux publics.
En province de Namur, cela se traduira dès 2021 par la suppression de toute une série de services utiles à la population en matière de santé, d’environnement et de culture. La Province compte par exemple fermer sa cellule de lutte contre l’illettrisme, son laboratoire d’analyse des polluants intérieurs, un service auquel la population avait accès gratuitement, son centre d’appel pour personnes âgées « Télépronam », l’imprimerie provinciale, l’office des métiers d’art, le centre de documentation en art ainsi que les cellules du sport, de promotion de la santé et de l’environnement. 200 postes de travail sur les 1000 que comptent la province de Namur, hors personnel enseignant, soit environ un cinquième des emplois provinciaux vont disparaître. Pour cela, elle compte ne pas remplacer les départs à la pension et les malades. Le déplacement de personnels vers d’autres administrations régionales ou communales est aussi envisagé, un ensemble de mesures qui va considérablement aggraver la charge de travail du personnel restant.
Tout cela est proprement révoltant ! Les gouvernements fédéraux et régionaux distribuent des milliards aux grosses entreprises mais ils se dérobent lorsqu’il s’agit de financer des services à la population.
Les travailleurs menacés devront défendre leurs emplois sans accorder la moindre confiance aux responsables politiques qui mettent en œuvre ces mesures d’austérité.