Même les adeptes de la méthode Coué auront du mal à qualifier 2016 de « bonne année » pour l’humanité, qui paye un lourd tribut à l’organisation capitaliste de la société.
Le bilan de l’année passée, c’est d’abord la guerre. Le monde est ravagé par les conflits, de la Syrie au Yémen, de la Libye à l’Irak, de l’Afghanistan à la Birmanie, jusqu’à l’Ukraine et à la Turquie si proches. Oh, ce n’est pas perdu pour tout le monde : en 2016, l’exportation d’armes a battu des records, y compris en Belgique.
Presque tous les pays ont augmenté leur budget militaire, à commencer par les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, qui dépensent à eux seuls la moitié du budget militaire mondial. Mais en Belgique aussi, le gouvernement a planifié pour les années à venir l’achat de 34 nouveaux avions de chasse, de 2 frégates, six chasseurs de mines, six drones… et d’autres gadgets tueurs pour un montant d’au moins 9,2 milliards d’euros. En 2017, la hausse des ventes de ces engins de mort devrait se poursuivre. Trump ne coupera pas dans le budget de l’armée, et les chefs d’Etats européens non plus.
Quand ils dépensent plus d’argent pour les armées, nos dirigeants en dépensent moins pour les écoles, les hôpitaux, les services utiles à la population. De plus, ils alimentent aussi les guerres et leurs répercussions, les attentats terroristes.
Des centaines de milliers de migrants fuient ces guerres terribles ou des dictatures féroces, la misère et la faim, au péril de leur vie. Partout en Europe, l’extrême droite, suivie par bien des partis de gouvernement, les a désignés comme les responsables des maux qui accablent les travailleurs. Mais le chômage, les bas salaires, la précarité n’ont pas commencé avec les migrants et n’ont rien à voir avec eux !
Les gouvernements – fédéral et régionaux – prétendent tous que le chômage baisse, que des nouveaux emplois ont été créés ou vont l’être. Mais la réalité, ce sont des licenciements annoncés par milliers, chez Caterpillar, dans les banques et les assurances et des dizaines de milliers de chômeurs qui ont perdu leurs droits. C’est surtout la précarité qui augmente. Et chaque famille populaire voit se poursuivre la dégradation que nous connaissons depuis des années.
En réalité, ceux que la crise épargne, ce sont les plus riches. Oh, certes, la fortune des familles de Spoelberch, de Mévius et Vandamme, actionnaires d’AB Inbev, aurait diminué de 3 milliards entre 2015 et 2016, mais depuis 2012, leur fortune a quasiment doublé, de 25,6 milliards à 46,1 milliards aujourd’hui ! Même chose pour Albert Frère, dont la fortune est passée de 2,9 milliards à plus de 6 milliards d’euros aujourd’hui. La fortune des 10 Belges les plus riches a dépassé 72 milliards en 2016.
La moitié de cette fortune permettrait de payer un salaire annuel brut de 40.000 euros à 750 000 salariés, cotisations comprises, pendant une année. Ou encore de construire des dizaines d’hôpitaux et des centaines d’écoles. Non seulement nos gouvernements ne limitent pas cet enrichissement, mais ils l’alimentent par les cadeaux fiscaux aux entreprises.
La fortune des plus riches se construit avec l’exploitation des travailleurs : les ouvrières du textile au Bangladesh, récemment licenciées par centaines pour avoir fait grève pour une augmentation de leur salaire, fixé à 63 dollars mensuels ; les mineurs du Congo qui, dès l’enfance et au péril de leur vie, vont extraire les métaux rares dont les multinationales de l’électronique ont besoin. Avec aussi l’exploitation des travailleurs ici, comme ces 96 900 intérimaires, dont certains sous contrats journaliers, les gestes minutés à la fraction de seconde près à la chaine, des charges de travail qui rendent malades les travailleurs de la santé…
Alors, si on peut faire un vœu pour 2017, c’est que les travailleurs se servent de leur force, de leur rôle indispensable dans l’économie, où ils produisent toutes les richesses. Qu’ils s’en servent pour défendre leurs intérêts, pour mener la lutte de classe. Pour contester l’ordre social capitaliste qui met en péril toute l’humanité.