Depuis le 18 juin, les gardiens de prison sont en grève. Sous la pression de la dernière grève en 2016, le gouvernement avait un peu réduit la surpopulation carcérale en facilitant les permissions de sortie et les congés pénitentiaires, allégeant le sort des prisonniers comme celui des gardiens. Mais depuis la fusillade à Liège, le ministre n’a rien trouvé de mieux que de les supprimer ! Rien n’a donc changé : la surcharge de travail ne diminue pas, il y a des milliers de jours de congé en retard, un environnement de travail déprimant et pour couronner le tout, la volonté d’introduire des réquisitions pour le service minimum afin d’affaiblir toute grève. Et le ministre ose invoquer le droit des détenus à un traitement humain!
On ne peut qu’être solidaire des gardiens de prison qui se battent pour améliorer leurs conditions de salariés. Et les travailleurs du public comme du privé sont nombreux à reconnaitre dans les témoignages des grévistes leurs propres conditions de travail.
Oui, on est tous face aux mêmes décisions patronales et gouvernementales, face à la même politique qui vise à presser toujours plus chacun de nous. Et il paraît évident à beaucoup de travailleurs qu’il faudrait qu’on s’y mette un jour tous ensemble. Qu’il serait temps de passer des luttes catégorie par catégorie, entreprise par entreprise, à une lutte d’ensemble qui mettrait toute la force de la classe ouvrière dans la balance. La force que représentent tous les travailleurs qui font tourner l’économie : ouvriers d’usine, enseignants, cheminots, personnel de santé, employés, fonctionnaires, intérimaires, CDI…
Mais alors, les travailleurs ne se limiteront pas à réclamer des conditions un peu plus humaines pour les prisons. Car la prison n’est utile qu’à la classe des riches. Elle est un moyen de la répression contre les pauvres et les exploités.
Certes, parmi les prisonniers, beaucoup se sont rendus coupables de délits et de crimes contre d’autres pauvres comme eux, contre des travailleurs à peine mieux lotis qu’eux. Mais combien de jeunes du milieu ouvrier dérapent dans la délinquance faute d’autres perspectives ? Et combien deviennent vraiment des criminels une fois en prison ? Tous ceux qui connaissent le monde carcéral savent qu’après une incarcération, on sort souvent pire et encore moins bien intégré dans la société.
Et force est de constater que des riches et des puissants, on n’en voit pour ainsi dire jamais en prison. Les riches peuvent priver des milliers de travailleurs de leur salaire parce que cela rapporte plus aux actionnaires. Ils peuvent détruire des régions entières par la pollution ou le chômage. Bref, ils peuvent nuire gravement aux intérêts collectifs sans être inquiétés.
Par contre les syndicalistes qui ont fait un piquet à l’entrée du port d’Anvers parce qu’ils refusent la réforme des pensions qui laissera des gens dans la misère après une vie de travail, risquent aujourd’hui une condamnation et même la prison ! Les travailleurs qui, en défendant leurs emplois ont cassé une vitre, peuvent être condamnés, mais les patrons qui ont cassé Caterpillar, ArcelorMittal, Boël, Opel, Ford… ils ne risquent rien.
Le chômage massif dont ils sont responsables et qui laisse tant de jeunes sans perspectives, est un facteur déterminant qui remplit les prisons. En 1980 il y avait 5 176 prisonniers, on en compte aujourd’hui plus que 12 000. D’ailleurs, combien de gardiens de prison font ce travail parce que c’est le seul débouché, ou parce que leur emploi antérieur a été supprimé ? Rares sont ceux dont le rêve d’enfance était de se trouver enfermés en prison 8 heures par jour…
On le voit partout : avec la crise économique qui s’aggrave, ce sont des barbelés qui se dressent. Celles des frontières, celles des prisons et celles des camps de plus en plus inhumains. Les gouvernements, toujours aux petits soins pour les capitalistes, enferment des enfants parce qu’ils n’ont pas la bonne nationalité ! Ici en Belgique, on construit un centre pour y enfermer des enfants avec leurs familles en vue de les expulser.
Et ces gouvernements se moquent tout autant du sort des gardiens de prison qu’ils chargent de surveiller ceux qui n’arrivent pas à supporter leur sort d’exploité ou d’exclu.
Les travailleurs ont mieux à proposer à l’humanité que cette barbarie du capitalisme. Ensemble, ils ont la force d’enlever le pouvoir à la classe capitaliste et de mettre les moyens incommensurables de notre époque au service de l’humanité. Et le jour où la peur du lendemain aura disparu avec l’exploitation et où tous les enfants iront à l’école le ventre plein, qui aura encore besoin de prisons ?