La politique favorable aux travailleurs reste à faire et elle se fera grâce à leurs luttes

La N-VA a gagné les élections en Flandre et le PS en Wallonie. Les majorités sorties des urnes sont donc bien différentes dans les deux parties du pays. Mais pour les travailleurs, qu’ils soient en Wallonie, en Flandre ou à Bruxelles, la politique menée par les gouvernements sera la même. Le futur gouvernement fédéral, comme les gouvernements régionaux, se préparent à mener la même politique que partout ailleurs en Europe, que ce soit par les partis socialistes en Grèce et en Espagne, ou par la droite en France et en Allemagne : une politique d’austérité pour faire payer à la population laborieuse la dette que l’Etat a creusée en renflouant les banques en faillite et les grandes entreprises.

Bien sûr, Bart De Wever promet que tout ira mieux en Flandre quand elle aura plus d’autonomie. Mais en quoi l’autonomie de la Flandre empêchera les patrons – étrangers ou bien flamands – de licencier et de sauver leurs profits en réduisant les revenus des travailleurs ? Et en quoi cela empêchera les banques de continuer à spéculer sur les dettes de tous les États européens et à les pousser dans le surendettement, y compris ceux qui sont riches, comme l’Allemagne… et la Flandre ?

Bien sûr, le parti socialiste en Wallonie se dit partisan d’une politique « sociale et solidaire », mais il se garde bien de préciser comment il va la payer… alors qu’il refuse de prendre sur les profits des banques et des grandes entreprises, et au contraire, continue à distribuer des milliards au patronat.

Ce ne sont pas ces problèmes, essentiels pour la population, qui ont dominé la campagne électorale et les commentaires dans les médias, mais la crise communautaire et la nécessité d’un gouvernement stable. Mais un gouvernement stable pour quoi faire?

Si la FEB multiplie les appels « à la raison » du monde politique, c’est parce que les patrons des grandes entreprises veulent un gouvernement capable de mener une politique d’austérité pour faire payer la crise aux travailleurs. Voilà tout ce que les travailleurs ont à attendre d’un « gouvernement stable ».

Et s’il y a eu trois ans de crise communautaire, ce n’est pas parce que « les Flamands » seraient devenus plus nationalistes, mais parce qu’une fraction du patronat flamand pousse depuis des années à une « réforme de l’Etat » pour donner « plus de pouvoirs aux régions ». Derrière ces mots, il ne s’agit pas d’une scission de la Belgique, mais d’une scission – complète ou partielle – de la sécurité sociale et d’une régionalisation de l’impôt des sociétés. Par cette scission, le patronat flamand compte réduire ses cotisations et ses impôts – et augmenter ses bénéfices – encore plus rapidement que les gouvernements fédéraux l’ont fait depuis 30 ans.

C’est pour cela que le patronat flamand soutient des partis nationalistes comme la N-VA ou le Vlaams Belang qui tentent de faire croire que ce sont les travailleurs et les chômeurs wallons qui menacent le bien-être des couches populaires flamandes et non les banques et le patronat.

Les partis francophones, et notamment le PS, se servent, eux aussi, du nationalisme. En présentant tous les Flamands comme  des nationalistes et des égoïstes, le PS se pose en défenseur des Francophones. Mais de quels Francophones ? Des caissières francophones de Carrefour ? Ou du Francophone Mestdagh qui veut les faire travailler à un salaire amputé de 15-20% ? En dénonçant Leterme d’abord, De Wever ensuite, comme des fossoyeurs de la Belgique, ils se préparent surtout à faire passer les attaques contre la sécurité sociale comme un moindre mal… nécessaire pour sauver le pays.

Un nombre très limités d’électeurs de la N-VA rêve d’une Flandre indépendante, mais un nombre bien plus grand des électeurs populaires de la N-VA a surtout exprimé son ras-le-bol des grands partis au pouvoir. Ni eux, ni les électeurs du PS en Wallonie, n’ont voté pour la diminution de leurs pensions ou pour la politique d’austérité. Or, quelle que soit l’évolution des questions communautaires, c’est cette politique là que les deux vainqueurs des élections mèneront si on les laisse faire.

Et le résultat de ces élections n’empêchera pas les luttes, y compris communes, flamands, wallons et bruxellois ensemble. Et vu l’accélération de la crise économique, ce sont tous les travailleurs européens qui devront se retrouver ensemble, pour refuser le chômage et les baisses de salaires, de pensions et de la couverture sociale.