„Le feu social n’a pas pris“, titrait le journal Le Soir samedi dernier. Que le monde bourgeois ne se réjouisse pas trop vite !
Si échec il y a, c’est celui de la direction bureaucratique des syndicats qui appelle un jour à la grève « au finish » pour la brader contre un accord lamentable le lendemain.
Mais les travailleurs qui se sont mobilisés ont toutes les raisons d’en être fiers. Et à plus forte raison ceux qui ont osé faire grève, malgré les menaces et tout le mal que les médias disaient d’eux.
Certains usagers étaient remontés contre les grévistes à la SNCB, certes. Mais le soutien dont jouissaient les grévistes était bien plus grand que ce que les médias ont voulu faire croire en choisissant les opinions qu’ils veulent bien montrer à l’antenne. Beaucoup de travailleurs approuvaient la grève. Ceux qui se rendent en train au travail sont inquiets des économies prévues qui vont désorganiser encore plus les transports publics. Et de façon beaucoup plus large, beaucoup de travailleurs se sont reconnus dans l’action des cheminots, des gardiens de prison ou des éboueurs, parce qu’ils se défendaient contre des attaques que tous les travailleurs connaissent, peu importe le secteur où ils travaillent. Il n’y pas que les cheminots ou les gardiens de prison qui voient que la course aux profits et les économies pour enrichir quelques-uns nous mènent tout droit dans le mur. Cela va tellement loin que même les magistrats envisagent d’avoir recours à la grève ! Que les gardiens de prison tiennent depuis si longtemps, malgré la pression du gouvernement, des médias et malgré les trahisons des directions syndicales, inspire du respect et de la fierté.
Les grèves ont rappelé à tous que sans les travailleurs, rien ne va. Sans eux, les trains ne roulent pas, le courrier n’est pas distribué, les villes se noient dans les déchets, les avions ne décollent pas et les patrons crient aux profits perdus ! Pourquoi ce serait aux travailleurs de faire des sacrifices et pas à la classe capitaliste qui vit en parasite sur toute la société ? Une mince couche de capitalistes qui non seulement ne créent rien, mais détournent les richesses produites par les travailleurs.
La mobilisation n’était pas encore suffisamment forte et déterminée pour faire reculer le gouvernement et le patronat. Mais l’inquiétude et la colère contre l’injustice, que chaque travailleur ressent individuellement, ont trouvé un début d’expression collective dans la rue. Eh bien, malgré toute la mauvaise foi des médias, les grèves étaient devenues le sujet de bien de discussions. Même ceux qui ne faisaient pas grève et ne s’étaient pas déplacés pour les manifestations en ont été encouragés à parler autour d’eux de tout ce qui ne va pas. Ne plus se taire, c’est déjà beaucoup !
Oui, la lutte collective, c’est le bon chemin et le seul dont les travailleurs peuvent espérer quelque chose.
La FGTB appelle à la grève générale le 24 juin. Il faut militer pour que le maximum de travailleurs y participent activement. Mais il faut le faire sans illusions. Il ne suffit pas d’un claquement de doigts des directions syndicales qui ont si souvent trahi les intérêts des travailleurs, pour que le monde du travail retrouve confiance en sa propre force et en sa combattivité.
Par contre, pour tous ceux qui sont convaincus que ce n’est que par la lutte que les travailleurs peuvent se faire respecter, la préparation de la grève et la grève elle-même seront l’occasion de nouer des liens ou de les renforcer et de discuter autour d’eux.
Loin d’être décourageant, cela compte pour les luttes à venir. Car cette journée du 24 juin ne sera pas la dernière. Que les directions syndicales appellent ou pas, à terme, les travailleurs n’auront pas d’autre choix que de se défendre collectivement. Le gouvernement se prépare déjà à décider un nouveau train d’économies de 8 milliards d’euros en juillet qui vont s’ajouter à celles déjà décidées et qui sont déjà insupportables. Et dans toutes les entreprises, la crise pousse le patronat à des exigences toujours plus brutales envers les travailleurs.
La classe ouvrière ne se laissera pas faire éternellement. Les vraies grèves sont encore à venir. Et plus nous prendrons l’habitude dès maintenant de compter sur nos propres forces pour nos organiser, moins nous dépendrons des directions syndicales, et plus nous aurons des chances d’être victorieux.