La débâcle américaine en Afghanistan et l’horreur de la domination impérialiste

L’attentat à l’aéroport de Kaboul du 27 août a tué au moins 170 personnes, dont une large majorité d’Afghans. La « guerre contre la terreur » lancée il y a 20 ans par les dirigeants américains, avec le soutien de leurs alliés de l’OTAN, dont la Belgique, se termine dans un chaos sanglant où le terrorisme prospère.

Toutes les armées occidentales, mais aussi les agences de l’ONU, qui ont soutenu cette guerre en prétendant apporter la démocratie et défendre le droit des femmes, abandonnent à présent sans scrupule un grand nombre de leurs employés afghans et de celles et ceux qui avaient cru à la présence durable de l’armée américaine. Et c’est toute la population afghane qui se retrouve sous la domination des talibans.

L’armée américaine prétendait combattre ces bandes armées réactionnaires qui veulent réimposer leur dictature sur le peuple afghan et en particulier sur les femmes. Mais ce sont les dirigeants américains eux-mêmes qui les ont fabriqués de A à Z. À la fin des années 1970, ils ont financé et armé les milices islamistes qui combattaient l’occupation soviétique en Afghanistan. Ces milices se sont retournées contre les USA, au point de parvenir une première fois au pouvoir. Mais après en avoir été chassées, les vingt ans d’occupation militaire américaine les ont remises en selle, et les revoilà au pouvoir.

Alors qu’ils ont dépensé des milliards de dollars dans cette guerre, les États-Unis ont été incapables d’organiser le sauvetage de tous les Afghans qui le souhaitaient. Qu’aurait coûté la mise en place à temps d’un pont aérien pour les sauver ? Une goutte d’eau en comparaison des sommes dépensées en bombes et autres engins de guerre.

Mais il n’y avait aucune illusion à se faire quand on voit que les États-Unis ne sont même pas capables d’aider la population haïtienne qui se trouve à quelques centaines de kilomètres des côtes américaines et vient d’être frappée par un tremblement de terre. Tout comme, ils n’ont pas été capables de l’aider, il y a dix ans lors du précédent tremblement de terre qui avait fait 200 000 morts et détruit toute la capitale d’Haïti. Là encore, une infime partie de l’argent dépensé par l’armée américaine pour tuer, détruire et incendier en Afghanistan aurait suffi pour rebâtir ce petit pays, le plus pauvre du continent américain, et ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui, même partiellement.

Dans cette guerre d’Afghanistan, les armées européennes et belge n’ont joué qu’un rôle de larbin à côté de l’impérialisme américain. Mais elles sont intervenues également contre l’Irak, la Syrie, la Libye, et même au Mali, en soutien de l’impérialisme français. Avec toujours les mêmes souffrances infligées aux populations locales et le même résultat désastreux prévisible. Voilà ce qu’est la domination impérialiste sur le monde, dans toute son horreur.

Tout ce qui se passe en Afghanistan nous concerne, nous travailleurs d’ici, aussi parce que les dirigeants occidentaux qui sont les premiers responsables du chaos là-bas vont s’en servir contre nous. À peine les talibans avaient-ils remis un pied à Kaboul que nos dirigeants politiques agitaient le spectre d’une nouvelle vague migratoire qu’ils disent vouloir stopper.

Aucune frontière n’arrêtera ces êtres humains qui fuient la mort et veulent sauver leur vie et celle de leurs enfants. Un point de vue humain élémentaire voudrait qu’ils puissent s’installer là où ils le souhaitent et, pour certains, rejoindre des amis ou des membres de leur famille qui ont déjà émigré. Mais, comme l’a rappelé le cynisme avec lequel le gouvernement De Croo a traité les 400 migrants grévistes de la faim, ou la volonté de renvoyer les réfugiés afghans dans leur pays alors même que les talibans étaient en train de reprendre le pouvoir, nos dirigeants préfèrent utiliser les migrants comme des boucs-émissaires sur lesquels détourner le mécontentement.

En Belgique comme dans tout l’Occident, les gouvernements vont chercher à diviser encore plus les travailleurs, en stigmatisant nos camarades qui viennent d’Afghanistan, mais aussi tous ceux qui sont originaires de régions arabes, turques ou en général de religion musulmane. Alors, il ne faut pas que les travailleurs se laissent abuser ni se trompent d’adversaires. Réaliser l’émancipation collective des travailleurs et celle de la société du joug de l’exploitation capitaliste signifie aussi renverser le pouvoir de l’impérialisme ici en Europe, comme aux États-Unis et dans les autres pays impérialistes. Et ces deux tâches n’en font qu’une.