La classe ouvrière a besoin de son propre parti politique

Les élections américaines n’ont lieu qu’à la fin de l’année, mais déjà maintenant, les médias sont hypnotisés par une grande question: est-ce que ça va être l’affreux Trump, la fade madame Clinton ou son rival, l’outsider Sanders qui va l’emporter ?

Dans ce feuilleton de série B, de piètres acteurs nous jouent le grand show du « peuple qui choisit son destin ». Mais que ce soit Trump ou Clinton qui soit élu, ou même Sanders, le happy end du spectacle électoral sera à tous les coups pour la seule classe capitaliste.

Qu’on se souvienne de l’arrivée d’Obama en 2008. Pour sa promesse d’arrêter la guerre en Irak, il avait même reçu le prix Nobel de la paix. En fait la guerre en Irak s’amplifie et les bombardements sur la Syrie se multiplient. Et ce ne sont pas la démocratie et les libertés qui s’en trouvent renforcées, mais les profits de l’industrie de l’armement, tandis que toute la région sombre dans une barbarie sans nom.

Aux USA la pauvreté s’est aggravée, et les Noirs, composante importante de la classe ouvrière américaine, la subissent de plein fouet. Ils subissent aussi une répression policière meurtrière qui ne s’est aucunement améliorée sous le « premier président noir des Etats-Unis ».

Les présidents, les premiers ministres, le personnel politique en général, peuvent changer avec les élections, mais les grandes familles d’actionnaires et de milliardaires qui constituent la classe bourgeoise gardent le pouvoir. Le pouvoir de licencier, de baisser des salaires, de spéculer au risque de nouveaux krachs, et d’acheter des politiciens ou de leur donner des ordres.

Oui, pour ces possédants le bilan d’Obama est positif : les profits crèvent à nouveau les plafonds, les dividendes distribués aux actionnaires aussi. Les 3 % d’Américains les plus riches raflent 30,5% des revenus à eux tout seuls, une part plus grande chaque année.

Ce sont les travailleurs qui en payent le prix. Les chiffres de l’automobile sont parlants. En 2015, 17,5 millions de voitures et utilitaires ont été vendus, 72% de plus qu’en 2008, mais ils ont été produits par 915.000 travailleurs de l’automobile, 175.000 de moins qu’avant la crise. Une aggravation de l’exploitation dramatique.

Des millions de travailleurs américains sont sans emploi ou avec un emploi extrêmement précaire. Mais même quand on a un travail, les salaires sont largement insuffisants pour pouvoir se loger, avoir une voiture qui permette d’aller travailler, faire des études pour obtenir un diplôme, se faire soigner en cas de maladie… De plus en plus d’étudiants commencent leur vie active avec une dette qui ne les quittera plus jamais. Une partie de leur salaire sera consacrée, leur vie durant, à payer les intérêts. Les banques s’engraissent ainsi en parasites de la jeunesse et des travailleurs. Avec comme seul résultat que le prochain krach boursier, plus violent encore que celui de 2007-2008, pointe déjà à l’horizon.

Alors, lequel des candidats de la bourgeoisie – Clinton, Cruz ou Trump sera chargé de faire payer la prochaine crise aux travailleurs ? Voilà le seul suspense du show électoral, car tous, ils sont au service du grand capital, attaché à lui par mille liens. Et Bernie Sanders n’en est pas une exception. Ce candidat qui se dit « socialiste » et qui dénonce les banques de Wall Street, a, en tant que député puis sénateur, quasiment toujours voté avec les démocrates, y compris les lois exigées par la finance. Et si ses discours peuvent plaire dans la jeunesse qui se mobilise pour lui, leurs votes vont surtout servir au parti démocrate pour lequel Sanders se présente. Ce parti complètement inféodé aux intérêts du grand capital, tout comme le parti républicain, ne fera pas grand cas des promesses électorales de Sanders. Pas plus que les serviteurs de ce même grand capital ici en Europe n’en fait de celles de Tspiras en Grèce.

Non, aux Etats-Unis comme en Europe et ailleurs, les choses ne s’amélioreront pas pour les travailleurs, tant que ceux-ci ne mettront pas en avant les intérêts et la défense de leur propre camp. Il faut aux travailleurs leur propre parti. Un parti ouvrier qui se place entièrement sur le terrain des intérêts des exploités, de tous ceux qui n’ont pas de capital à placer, mais seulement leurs bras à vendre. Un parti qui ne sert pas de la poudre aux yeux aux travailleurs, mais qui les aide à prendre conscience de leurs propres intérêts et à démasquer leurs faux amis. Un parti qui dénonce les limites des élections et aide les travailleurs à s’engager dans les luttes nécessaires pour défendre leurs intérêts face à leurs exploiteurs. Un parti qui aidera la classe ouvrière qui fait tout fonctionner à s’emparer de l’appareil économique pour enfin le faire fonctionner pour le bien de tous. C’est-à-dire un parti communiste et révolutionnaire ! C’est ce parti qu’il nous faut construire.