En France, le 9 mars, la première journée de mobilisation contre la „loi travail“ du gouvernement Hollande-Valls a été un succès. Plusieurs centaines de milliers de travailleurs, lycéens et étudiants ont participé aux manifestations. Et pour cause. Le projet de loi dicté par le patronat prévoit la flexibilité à outrance, avec des semaines pouvant aller jusqu’à 60 heures, des journées jusqu’à 12 heures, tout en permettant des temps partiels de moins de 24 heures mensuel. Il facilitera les licenciements qui étaient considérés comme abusifs par la loi jusqu’ici…
Ce véritable dynamitage du code du travail ramène les conditions de travail à ce qu’elles étaient au 19ème siècle, avant que le mouvement ouvrier n’arrache par la lutte quelques lois qui les protègent contre une exploitation brutale. Des droits que la « loi travail » permet aux patrons d’ignorer dans les conventions collectives et des contrats de travail, laissant toute la place au chantage à l’emploi.
On ne sait pas d’avance, quelle ampleur prendra la mobilisation commencée, mais ce sera le seul moyen pour faire reculer le gouvernement et le patronat qui lui dicte ses volontés.
Cette politique d’un gouvernement qui se prétend de « gauche » ne se limite pas à la seule France. Ici en Belgique, après les attaques majeures du gouvernement Di Rupo contre les chômeurs, le gouvernement actuel envisage également une réforme en profondeur du droit du travail.
Parmi les mesures souhaitées par le ministre de l’emploi Kris Peeters, il y a notamment la création d’un statut de « travailleur autonome ». Ces travailleurs ne seront plus payés à l’heure, mais à la tâche, et licenciables dès la tâche terminée. Quel patron signera encore un CDI, s’il peut avoir recours à des travailleurs jetables à volonté ?!
De même, il veut permettre aux entreprises de déroger au droit du travail. C’est en fait rendre inopérants les droits sur lesquels les travailleurs peuvent s’appuyer. C’est laisser les mains libres au patronat pour imposer des conditions de travail et des salaires encore plus mauvais.
Voilà le « progrès » que le système capitaliste nous réserve, si on se laisse faire : nous renvoyer plus d’un siècle en arrière !
Les quelques droits favorables aux travailleurs, comme la limitation du temps de travail ou les congés payés ne sont pas le fait de tel ou tel politicien un peu plus « de gauche ». Ils sont le résultat d’un rapport de force où le patronat a préféré faire des concessions à la classe ouvrière de crainte de perdre beaucoup plus, s’il ne le faisait pas.
Ainsi, la journée des 8 heures que le gouvernement français s’apprête à dynamiter, a été adoptée en France en 1919, et en Belgique en 1921. C’est au lendemain de la première guerre mondiale qui avait débouché en 1917 sur la première révolution prolétarienne en Russie. Une révolution qui avait ensuite gagné la Hongrie, la Finlande et l’Allemagne. C’est devant le danger de contagion envers les masses ouvrières de leurs pays respectifs que les gouvernements français, belge, britanniques… cèdent alors à un certain nombre de revendications du mouvement ouvrier, comme la journée des 8 heures et le suffrage universel. Et qu’ils mettent en place un début de sécurité sociale, notamment le régime de pensions.
La classe capitaliste compte réduire, voire supprimer les avancées sociales qu’elle a dû céder dans le passé. Car dans la crise, ce n’est pas par une augmentation de ses ventes qu’elle peut espérer augmenter ses profits ou au moins les maintenir, c’est en aggravant l’exploitation : faire travailler plus pour des salaires moindres.
Partis socialistes et directions syndicales se sont appliqués pendant des décennies à nous faire croire que la lutte des classes c’était du passé, qu’il suffisait de négocier, qu’on pouvait s’entendre avec le patronat. La crise met ce mensonge à nu. La lutte des classes bat son plein. Il faut préparer la riposte !