Italie : les agressions fascistes et la façon d’y répondre

Samedi 9 octobre, les locaux de la CGIL, le plus grand syndicat italien, ont été attaqués par un groupe de manifestants qui s’était détaché du cortège défilant contre le pass sanitaire obligatoire et sa généralisation aux entreprises et donc à tous les travailleurs.

Le groupe qui a dévasté les bureaux de la CGIL a été emmené par le groupe néofasciste Forza Nuova. Les dirigeants de ce groupe faisaient explicitement le lien avec Mussolini qui, un siècle plus tôt, en 1920-1921, s’en prenait systématiquement à toutes les organisations ouvrières, dans le but de terroriser les travailleurs qui s’étaient lancés dans des grèves insurrectionnelles en ces années-là.

D’autres manifestants protestant contre l’extension du pass sanitaire à tous les travailleurs ont malheureusement été entraînés dans cette attaque et l’ont soutenue aux cris de « Vendus, vendus » à l’encontre de la CGIL. Des travailleurs, qui ont des raisons légitimes d’être en colère contre les directions syndicales, mais peu conscients, les approuvaient en voyant les faits sur les réseaux sociaux. Et la CGIL apparaît d’autant plus complice du gouvernement qu’elle soutient l’obligation du pass sanitaire sur les lieux de travail, sans même se prononcer contre les sanctions et la privation de salaire qui menacent ceux qui le refusent.

La réponse de la direction de la CGIL à l’agression fasciste n’est pas de nature à dissiper cette confusion qu’elle a contribué à alimenter par sa politique de collaboration de classe. Et elle ne permet pas non plus d’armer ceux des militants ouvriers qui sont conscients du danger représenté par les groupes fascistes et plus généralement par l’extrême droite.

Nos camarades de l’Internazionale (Italie-UCI) l’ont ainsi souligné au lendemain de l’agression : « Quelle a été la réponse des sommets de la CGIL à l’agression fasciste ? Au lieu d’appeler à une grève générale nationale immédiate, ils ont renvoyé toute riposte au samedi suivant, appelant à une grande manifestation unitaire « contre tous les fascismes ». La protection et la défense des locaux syndicaux a été réduite à un problème d’ordre public dont l’État devra s’occuper, alors que la visite du chef du gouvernement Draghi au siège dévasté de la CGIL a renforcé (…) la conviction que le syndicat est bien du côté de ces élites bourgeoises, bien rétribuées et bien pensantes, d’où provient le chef du gouvernement. Il n’était pas possible d’envoyer un message plus erroné que celui-ci, un message qui pousse encore plus ces couches sociales dans les bras des groupes d’extrême droite. »

Les organisations politiques et syndicales réformistes n’offrent aucune perspective aux travailleurs pour se défendre contre l’offensive patronale et gouvernementale dont ils sont l’objet dans tous les pays. Elles ont méthodiquement remplacé la lutte de classe par le prétendu dialogue social et les valeurs du mouvement ouvrier par de prétendues valeurs de la République.

Elles ont contribué à désarmer la classe ouvrière, à lui ôter toute conscience politique et confiance dans la lutte de classe et dans ses propres forces. Et c’est bien sur cette situation que l’extrême droite et les groupes fascistes comptent pour se renforcer.

C’est un piège grand ouvert pour les travailleurs, en Italie comme partout ailleurs, car ces mouvements fascistes conduisent la colère vers le désespoir et des impasses face à la violence capitaliste.

Pour donner une perspective aux millions de travailleurs, de chômeurs, de précaires que l’aggravation de la crise jette dans la misère, le mouvement ouvrier devra renaître autour d’une politique de défense de ses intérêts face au chaos engendré par le capitalisme. L’avenir de la société ne peut être dans la politique que Draghi et consorts mènent au service de la bourgeoisie, mais dépendra de la capacité des travailleurs à renverser le pouvoir de la classe capitaliste.