La première ministre fédérale Sophie Wilmès a annoncé mercredi 15 que le confinement continuerait jusqu’au dimanche 3 mai. Pourtant aucune des conditions nécessaires au déconfinement – baisse de pression sur les hôpitaux, organisation des homes, disponibilité des masques et des tests en quantité pour isoler les malades – n’est garantie pour le 4 mai.
Dans les maisons de repos, le virus continue à faire de nombreux morts et contaminer le personnel. Des tests devraient enfin y être réalisés mais il n’est pas question de remplacer le personnel contaminé. Il s’agit même de le faire travailler en aménageant ses tâches ! Pandémie ou pas, le sous-effectif est la règle dans les maisons de repos, que ce soit pour la recherche du profit dans les institutions privées ou par mesure d’économies dans celles des CPAS.
Alors les visites vont poser des problèmes supplémentaires au personnel déjà débordé !
Partout les masques manquent ! Dans les homes et les services hospitaliers, pour le personnel soignant de ville, de l’infirmière à domicile à l’aide familiale, sans parler des conducteurs de bus, des caissières, des livreurs et de tous les travailleurs exposés au virus, ce produit essentiel fait défaut !
Dans les hôpitaux, le manque de certains produits absolument nécessaires, notamment les anesthésiants sont en pénurie partielle, impose aux médecins de faire des choix entre les malades à prendre en charge…
Les gouvernements montrent leur incapacité totale. Le problème ne vient pas du nombre de ministres s’occupant de la Santé ou de Maggie De Block, ou de la division du pays. Ces problèmes de homes et d’hôpitaux débordés, du manque de matériels essentiels, du manque de tests, touchent aussi bien l’Italie que l’Espagne, la France que les États-Unis… sans parler des pays plus pauvres !
Depuis cinq mois ce virus se répand, et pourtant, dans un pays riche, nous en sommes encore réduits à subir les pénuries de matériel et de personnel !
Cela parce que les capitalistes ne veulent pas réellement mobiliser leurs moyens industriels pour fabriquer des masques, produire des tests en quantité et encore moins embaucher du personnel de santé.
Les gouvernements n’envisagent surtout pas de réquisitionner les entreprises qui auraient pu être réorganisées pour produire ce qui est nécessaire ! Alors les ministres et hôpitaux doivent se battre comme des chiffonniers pour se procurer des masques en Chine et des médicaments en Inde. Les capitalistes des pays riches ne veulent pas investir massivement dans des productions insuffisamment rentables sur la durée. Ils trouvent plus rentable d’engranger les profits tirés des importations de produits fabriqués par une main-d’œuvre surexploitée et sous payée.
Les initiatives, le dévouement, l’ingéniosité qui ont permis de répondre à l’urgence sanitaire sont venus d’en bas, des travailleurs, des petites mains. Et cela va continuer. Alors, notre confiance doit aller au monde du travail, aux scientifiques et aux soignants, pas aux gouvernements ni à la bourgeoisie.
Cela fait des semaines que les milieux patronaux trépignent devant le manque à gagner engendré par le confinement. Pendant qu’ambulanciers et soignants font le maximum pour sauver des vies, une à une, d’autres restent obsédés par la poursuite de leurs affaires, leurs parts de marché et leurs profits !
Wilmès peut insister sur le respect du confinement et des règles de distanciation sociale. Elle peut consulter le corps médical et les scientifiques, ce n’est pas elle qui commande. La gestion sanitaire de cette crise est, comme toute l’organisation économique et sociale, entre les mains des capitalistes.
Les entreprises de l’agroalimentaire, de la chimie, de l’énergie, du transport ou de la distribution ont évidemment poursuivi leur activité. Mais toutes celles qui ne tournaient qu’au ralenti, sur la base du volontariat, veulent remonter en charge. Gouvernements et bourgeoisie jouent la santé des ouvriers et de leurs familles à la roulette russe et s’apprêtent à ruiner les effets du confinement pour les intérêts de la poignée richissime. Et ils prétendent incarner l’intérêt général !
Tant que l’épidémie n’est pas jugulée, seules les entreprises indispensables à la continuité de la vie sociale doivent tourner en assurant la sécurité des travailleurs. Il en va des intérêts des salariés et de toute la société !
Et préparons-nous à l’après-crise. Le patronat met déjà la pression sur les travailleurs pour qu’ils acceptent des efforts exceptionnels, sacrifient leurs congés et travaillent plus longtemps.
Nous avons déjà payé plus que notre part dans cette crise. Au cours des années passées, grandes fortunes et grandes entreprises ont accumulé des profits colossaux. Eh bien, qu’elles prennent là-dessus !