Inflation de profits

Des analyses menées par la Commission européenne révèlent que « les profits des entreprises ont contribué à hauteur de 55% à l’inflation générée dans la zone euro ». En Belgique, la hausse des profits est responsable de 60 à 70% de la hausse des prix. Sur 100 € d’augmentation des tickets et des factures, 60 à 70 € ont été absorbés par l’augmentation des marges bénéficiaires et non par l’ augmentation des coûts.

Grâce à cela, de 2021 à 2023, les entreprises belges ont engrangé 45 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires par rapport à ce qu’elles auraient gagné si elles n’avaient pas augmenté leurs prix !

L’indexation des salaires, qui ne fait que rattraper partiellement la perte de pouvoir d’achat, est sous le contrôle des patrons et du gouvernement. Mais qui contrôle l’augmentation des profits ? Personne, sauf… les actionnaires !

Patrons spéculateurs, patrons licencieurs

C’est dans le secteur de la production que la hausse des profits obtenue par la hausse des prix est la plus importante. Dans l’industrie alimentaire, bien entendu. De 2019 à 2023, Soubry a augmenté ses bénéfices de 650 % en 3 ans. Puratos, un groupe industriel qui fournit des ingrédients aux boulanger pâtissiers : + 971 %. La faillite de centaines de petits artisans boulangers n’est pas due uniquement aux fournisseurs d’énergie ! Mais dans la sidérurgie, la chimie, le métal, les entreprises ont également fait des profits records en augmentant leurs prix. Souvent, le fait de gagner plus d’argent en vendant plus cher a permis aux patrons de supprimer des emplois et de réduire leur production. 

En provoquant ces hausses des prix et du chômage, en provoquant des pénuries de toutes sortes, les capitalistes ont aggravé la crise économique et enclenché un cercle vicieux de licenciements. 

« Aider les entreprises » en faisant les poches aux travailleurs

Le secteur de la construction, qui a bénéficié de près d’un tiers des 750 milliards du Plan de relance Européen décidé en 2021, a également augmenté ses profits par une hausse des prix. Rien que pour la Belgique, les profits des entreprises du bâtiment-travaux publics issus de la hausse des prix de l’immobilier sont évalués à 4 milliards € ! Et à présent, les gouvernements présentent la note à la population par un retour à l’austérité. 

Premier prix de l’indécence

En Belgique, Engie est, sans surprise, l’entreprise qui a le plus gagné à l’augmentation des prix de l’énergie. En 3 ans, son bénéfice a augmenté de… 2 084 % ! Pour atténuer la colère de la population face aux factures de régularisation, le gouvernement Vivaldi a fait voter une loi en urgence pour taxer une partie de ces surprofits.  Mais aujourd’hui, Engie traîne l’État belge devant une cour d’arbitrage internationale pour récupérer cette taxe. En effet, lors de la négociation pour la prolongation des centrales nucléaires,  le gouvernement belge s’était engagé par contrat à ne pas augmenter les taxes de l’exploitant des centrales. Les ministres de De Croo ont fait un show autour de la taxe sur les superprofits sans en croire un mot, en sachant que Engie brandirait ce contrat tôt ou tard. Le gouvernement belge risque d’être condamné à rembourser ces superprofits… plus les intérêts, avec l’argent du contribuable !