Il y a 30 ans : le génocide au Rwanda

Il y a 30 ans, le Rwanda connaissait l’horreur d’un génocide, avec la complicité de l’impérialisme français. Le terrain pour cette catastrophe, qui a fait près d’un million de morts, avait été préparé par la colonisation et les capitalistes belges qui ont pillé l’Afrique, à commencer par les ancêtres du roi Philippe, qui y ont leur part de responsabilité. 

Une origine coloniale

Les deux prétendues « ethnies » qui allaient être la base du génocide étaient un seul et même peuple avant l’arrivée des Européens, parlant la même langue et partageant la même culture. Les Tutsis étaient plutôt éleveurs, et les Hutus plutôt agriculteurs, et il n’était pas rare qu’un Hutu devienne Tutsi en s’enrichissant. 

Mais les colons, comme partout où ils ont débarqué, ont cherché à s’appuyer sur toutes les divisions possibles pour asseoir leur domination et éviter une alliance des peuples contre eux. 

Aidés par les Pères Blancs, des missionnaires chrétiens, ils ont inventé une origine sémitique aux Tutsis et leurs ont donné des positions de pouvoir, s’appuyant sur eux pour exploiter la population rwandaise dans son ensemble. 

Cette politique ne pouvait que susciter la haine de la population envers ces dirigeants Tutsis, qui a été traduite par des nationalistes Hutus en une haine envers l’ensemble des Tutsis. 

Lorsque des mouvements pour l’indépendance furent trop puissants pour être réprimés, les colons belges, avec la complicité de l’Église, se sont appuyés sur les nationalistes Hutus anti-Tutsi, en les soutenant, abandonnant leurs « alliés » Tutsis aux pogromes. Plus de 300.000 Tutsis ont fui le pays entre 1959 et 1961 face à ces violences.

La France complice du génocide

En 1973, l’ancien ministre de la Défense Juvénal Habyarimana arrive au pouvoir à travers un coup d’État. Soutenu par l’État français, qui cherche à tout prix à étendre son influence dans la région pour en piller les ressources, il installe au Rwanda un régime dictatorial à parti unique, multipliant les discours anti-Tutsi. Il limite l’accès des Tutsis dans l’administration et l’enseignement, les emprisonne arbitrairement et impose à toute la population des travaux forcés les samedis pour le « développement », autrement dit pour aider les États occidentaux et l’Église à s’installer dans le pays. 

Les présidents français successifs ont vanté la stabilité du régime, qu’ils renforçaient en fournissant les armes et l’entraînement militaire aux soldats rwandais. Et lorsque les réfugiés rwandais Tutsis du FPR (Front Patriotique Rwandais) commencent une rébellion contre le régime, la France soutient le régime à n’importe quel prix. 

Les dirigeants français étaient très conscients de la multiplication des discours de haine et des violences contre les Tutsis du pays. Une situation qui fait penser avec horreur aux soutiens matériels inconditionnels des États Occidentaux à Israël, malgré les massacres et les discours de haine contre les Palestiniens. 

Cela montre la détermination des capitalistes à défendre à tout prix leurs intérêts, même à travers les régimes les plus barbares. 

Lorsque le président Habyarimana est assassiné, la violence prend une autre ampleur, et le génocide anti-Tutsis se déclenche. La population est préparée depuis des mois par la radio, les génocidaires sont formés par des membres de l’armée, y compris par les formateurs français. La France est non seulement au courant, mais elle couvre le génocide dès son déclenchement, fournit des caisses de machettes, présentant les événements comme un malheureux conflit ethnique. 

Lorsque les rebelles du FPR envahissent le pays, la France envoie même ses troupes protéger les génocidaires sous des prétextes humanitaires. 

Pendant 3 mois, le gouvernement rwandais Hutu organise le massacre des Tutsis, fouillant chaque maison, barrant les routes, rattrapant les fuyards, utilisant la police, l’armée et la partie la plus extrémiste de la population. 

Les massacres ne prendront fin qu’avec l’avancée du FPR, qui lance une invasion au moment où commence le génocide. Le FPR est dirigé par Paul Kagame, soutenu depuis plusieurs années par les États-Unis, qui y voient une occasion d’affaiblir l’influence de la France et de prendre le contrôle d’un pays influent. 

L’impérialisme responsable du chaos au Kivu

Mais l’invasion du FPR est loin d’arrêter le cycle de violence. Les troupes du FPR multiplient les exactions pendant leur conquête, et pas seulement envers les génocidaires, qu’il est d’ailleurs difficile de distinguer du reste de la population. 

Une grande partie des génocidaires quitte le pays, allant rejoindre les centaines de milliers de civils qui fuient l’avancée du FPR, majoritairement du côté du Congo. 

Avec la complicité des États-Unis, qui ont plusieurs centaines de conseillers militaires sur place, le FPR poursuivra les réfugiés et massacrera des centaines de milliers de personnes, laissant derrière lui d’immenses fosses communes. 

Le nouveau régime de Kagame, avec l’aide américaine, soutiendra la rébellion de Laurent-Désiré Kabila au Congo, qui participera aux massacres avant de renverser le dictateur Mobutu, un allié des États-Unis mais dont les 30 années de régime brutal devenaient embarrassantes. 

Quand Kabila montrera son allégeance aux impérialistes plutôt qu’au Rwanda qui l’a soutenu, commencera la deuxième guerre du Congo en 1998. Cette guerre se transforme vite en guerre pour le contrôle des minerais du Kivu, une des régions du Congo très riche en minerais rares. Une guerre où s’affrontent diverses bandes armées, une guerre qui ne s’est jamais réellement terminée. 

L’impérialisme belge, français et américain ont une responsabilité écrasante dans le génocide au Rwanda. Loin d’avoir mis fin à la violence, l’intervention du FPR a entretenu la spirale de violence, et le régime mis en place au Rwanda est une dictature qui n’hésite pas à soutenir des groupes armés au Congo. 

Mais le Rwanda de Kagamé a le soutien total des impérialistes occidentaux, qui utilisent régulièrement cette armée pour défendre leurs propres intérêts, par exemple lorsque l’armée rwandaise intervient pour protéger les installations de Total contre les djihadistes au Mozambique, ou quand elle protège le dictateur de Centrafrique, ce pour quoi elle vient d’être récompensée par une aide de 20 millions de la part de l’Union Européenne. 

Les capitalistes n’ont pas changé depuis 1994. Ils continueront à soutenir les régimes qui les arrangent, même si ceux-ci préparent des génocides. 

Il n’y a qu’en mettant fin au capitalisme par une révolution des travailleurs que l’on pourra mettre fin aux génocides et autres massacres.