Guerre au Kivu : visages de l’impérialisme

Dans la région du Nord Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), la guerre civile qui dure depuis 1996 a repris avec violence. Le M23, une bande armée soutenue par le gouvernement rwandais, a conquis une bonne partie du territoire qui entoure la ville de Goma, une des plus grandes du pays. Pour les arrêter, le gouvernement congolais s’appuie sur l’armée congolaise, composée de soldats – dont un certain nombre issus d’anciens groupes rebelles – mais aussi de jeunes Congolais qui avaient commencé à s’armer pour arrêter les rebelles, et sur des soldats d’autres pays africains comme l’Afrique du Sud, le Burundi ou le Malawi.

À Goma, où résident 700.000 habitants et où 1,6 millions de réfugiés s’entassent dans des camps insalubres autour de la ville, la population subit le siège de plein fouet. Les prix des aliments, qui n’arrivent plus qu’en quantité limitée, ont fortement augmenté, alors que la population vit déjà dans l’extrême pauvreté. Et la multiplication des soldats dans la ville, loin d’en assurer la sécurité, semble l’avoir dégradée ces derniers jours, avec une multiplication des cambriolages, kidnappings et assassinats.

Cette guerre, qui paraît un conflit entre États africains, est en réalité largement alimentée par l’impérialisme occidental, qui fait main basse d’une façon ou d’une autre sur les minerais abondants dans la région, s’appuyant sur l’un ou l’autre groupe militaire.

Le gouvernement rwandais a pu constituer une armée capable d’intervenir au Mozambique ou en Centrafrique, grâce au soutien des États occidentaux comme la France ou les États-Unis, qui ont soutenu le régime en l’armant et en le conseillant militairement. Le Rwanda est aujourd’hui considéré par les bailleurs occidentaux comme un modèle économique et la Banque mondiale le recommande comme pays où investir.

Plus récemment, le 19 janvier, l’Union Européenne a signé avec le Rwanda un protocole d’accord pour l’exploitation des minerais, sachant très bien que les minerais en question sont majoritairement issus de la guerre sanglante au Kivu. Ce qui n’a pas empêché De Croo de s’entretenir quelques jours plus tard avec Tshisekedi, président de la RDC, pour discuter des sanctions à appliquer contre le Rwanda.

Mais la solution à ce conflit n’est certainement pas du côté de l’armée congolaise et de la «souveraineté nationale». L’armée congolaise n’est qu’un groupe armé parmi d’autres sur lequel peuvent s’appuyer les capitalistes occidentaux. Se trouvent d’ailleurs à sa tête plusieurs anciens membres de groupes armés qui dévastaient la région pour piller le minerai au service des capitalistes occidentaux.

Et depuis peu, les militaires collaborent avec des mercenaires bien connus des capitalistes de la région : le groupe Agemira, dirigé par l’homme d’affaire Olivier Bazin, qui a revendu plusieurs avions soviétiques au Congo, qui a déclaré lors d’un procès pour blanchiment avoir été un agent non officiel des services de renseignements français, et dont le groupe protège régulièrement des sites pétroliers du groupe Gunvor. Et Congo Protection, dirigée par Horatiu Potra, un ancien de la Légion française, qui a accompli diverses missions de protection de mines en Afrique.

Face au chaos des bandes armées, les populations s’organisent régulièrement pour se défendre elles-mêmes. Les wazalendos, des jeunes écœurés par les massacres, avaient gagné le respect de la population en s’armant avec ce qu’ils trouvaient et en s’attaquant au M23, ce que ni l’armée ni les forces de l’ONU n’avaient fait sérieusement. Depuis, ils ont été intégrés à l’armée car l’état-major veut pouvoir les contrôler. Leur perspective s’arrêtait à la défense de la ville, mais ils ont montré une voie : la population ne peut compter que sur elle-même !

Pour avoir une paix réelle et durable, il faudra renverser ceux qui arment tous ces groupes, les capitalistes occidentaux, avec l’aide des travailleurs du monde entier, pour mettre sur pied une société communiste !