France : trois blocs politiques ? Non, deux classes sociales !

En France, les résultats des législatives présentent à première vue trois blocs politiques : le Nouveau Front populaire (alliance des gauches) emportant le plus de sièges, suivi par Ensemble (parti de Macron) et enfin par le Rassemblement National (extrême droite). Et comme le RN n’a pas obtenu la majorité des élus, du fait des désistements entre le Nouveau Front populaire et les macronistes, ces différents groupes prétendent avoir « fait barrage à l’extrême-droite ». C’est une illusion.

Bardella ne sera pas Premier ministre mais c’est bien son parti qui réalise la plus forte progression électorale des élections législatives. Le RN va continuer à peser sur la vie politique française plus que jamais. Avec près de 8,8 millions de voix au second tour, le RN fait plus que doubler son score de 2022. C’est cela qui est le plus significatif. Des millions de travailleurs dans les régions les plus ouvrières, les villes populaires et même les banlieues naguère rouges de Seine-Saint-Denis ont voté RN en voulant exprimer leur colère et leur rejet des politiciens.

Car au-delà des délires xénophobes aussi étouffants et dangereux qu’ils soient, il y a une colère sociale qui découle de l’écrasement de la population travailleuse par une minorité de capitalistes. La fonction du RN est de détourner cette colère contre les ennemis inventés : les réfugiés, les migrants, les travailleurs d’origine du Maghreb, et même les chômeurs. Mais les 130 désistements des candidats du NFP au profit de la coalition présidentielle Ensemble, appelant les travailleurs à voter pour des ennemis avérés des travailleurs comme l’ancienne première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l’intérieur Darmanin, ne peut que renforcer l’audience du RN ainsi transformé en paria et renforcer son image de parti « anti-système » !

Aujourd’hui ces trois blocs politiques se font la « lutte des places » et argumentent à qui a vraiment gagné les élections. Mais pendant ce temps-là, la bourgeoisie ne s’encombre pas des problèmes électoralistes ! Macron, son fidèle serviteur, a annoncé que peu importe les élections, il allait pour le moment maintenir Gabriel Attal comme premier ministre et continuer sa politique au service des riches. Pour la classe ouvrière, ceux qui ont voté RN, NFP, pas voté du tout, ainsi que pour ceux qui n’ont même pas le droit de vote, la vie reste de plus en plus difficile !

Mieux vaut en revenir à cette vérité simple : dans cette société il y a d’un côté les travailleurs et de l’autre les capitalistes aidés de multiples représentants politiques. Les premiers doivent se donner les moyens d’imposer leurs exigences aux seconds.

Montée du racisme : un poison à combattre

Preuve qu’on ne peut pas combattre l’extrême-droite « par les urnes », la simple perspective de la victoire électorale du RN a suffi à encourager les paroles, les comportements et les agressions racistes. Il y a quelques faits connus relevés par les médias comme cet automobiliste qui fin juin à Thiais a renversé un chauffeur de bus scolaire après lui avoir déclaré : « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer. ». Mais il y aussi de plus en plus de menaces, d’insultes au travail ou dans la rue, de réseaux d’extrême droite qui se renforcent. Cette montée du poison raciste, elle était déjà là avant les élections et que le RN soit en tête ou pas, elle va continuer !

En Wallonie, ce poison n’a pas besoin d’un parti d’extrême droite ayant des élus pour se diffuser dans les consciences ! L’aggravation de la crise suffit. Face à ce danger la gauche ne sait qu’en appeler à « État de droit », en France au respect des « valeurs républicaines », et en dernier ressort à la police. Mais celle-ci est gangrénée par les mêmes idées racistes, en France comme en Belgique !

Attendre de la loi une protection contre le racisme et les idées réactionnaires est une illusion dangereuse. Contre la montée des préjugés d’extrême droite, ce qu’il faut c’est dès aujourd’hui parler entre travailleurs, entre collègues, entre voisins des moyens de s’en défendre collectivement. Il n’y a que l’organisation des travailleurs eux-mêmes, pour protéger leurs grèves, leurs manifestations, leurs quartiers, qui puisse faire reculer les nervis de l’extrême droite avec ou sans uniforme.

La perspective peut sembler lointaine, mais elle risque pourtant de venir brutalement à l’ordre du jour. S’y préparer est dès aujourd’hui une question vitale.