Sur le pont qui mène au site de Total à Feluy, se retrouvent des activistes du climat venus de Flandre, d’anciens délégués syndicaux devenus Gilets jaunes, des mères de La Louvière. « Vous allez rester là cette nuit ? Et comment ! » répondent-elles en chœur avec leurs enfants.
Ce qui les réunit, c’est le sentiment d’urgence face à la crise : il faut agir. La bonne organisation rassure. Le mot d’ordre est d’éviter la confrontation avec la police pour que l’action dure. Et l’intelligence collective résout les problèmes. La police refuse-t-elle de laisser passer la voiture de ravitaillement des manifestants ? Une chaîne humaine se met en place au-dessus du pont. Les gobelets des soupes, des paquets de pains passent de main en main jusqu’à ce que tous soient rassasiés et réchauffés.
Les manifestants sont fiers de leur action et de leur organisation. Cela fait des semaines qu’ils se préparent. Samedi matin aux premières heures, des cars les ont débarqués à quelques kilomètres de leur objectif. Ils ont progressé à travers champs en colonne et regroupé par groupes de 6, transportant le matériel nécessaire au barrage et au bivouac qui doit durer le plus longtemps possible.
Entre ces manifestants aux expériences et aux origines différentes, on est loin d’être d’accord, alors on discute et c’est très bien. « L’écologie ? » s’exclame un ouvrier : « on est pour ! Mais on est contre les écologistes qui se moquent des problèmes des travailleurs ». De fait, les activistes de Code rouge n’ont aucune envie d’assumer la politique des ministres écologistes… pas plus du reste, que les travailleurs présents ne défendent les ministres socialistes ou les directions syndicales.
Ces actions ne peuvent faire plier les capitalistes de l’énergie. Bien sûr. Mais si les occasions d’apprendre à s’organiser et à discuter se multiplient, cela pourrait être une préparation aux luttes d’ensembles nécessaires pour changer les rapports de force.