Alors que le groupe Audi fait des milliards de profit, il envisage de fermer Audi-Forest. La direction espère pouvoir y arriver sans devoir faire face à une lutte défensive importante des ouvriers. Elle multiplie les manœuvres de division et de découragement. Dernière en date : la réunion organisée à Forest National, et pas dans l’usine, et sans les sous-traitants, avec les ouvriers fouillés à l’entrée… pour servir du blabla creux aux travailleurs.
Il n’y a rien à attendre des dirigeants et actionnaires d’Audi, ils ne feront pas de cadeaux !
Pour faire du profit, les capitalistes n’ont aucune limite. Partout sur la planète, ils exploitent les travailleurs dans la sueur et le sang. En Ukraine, ils spéculent, financent et s’enrichissent sur la guerre, en Palestine ils soutiennent les massacres de l’armée et des colons israéliens, en Afrique ou au Maghreb, ils surexploitent toute la population.
Les actionnaires d’Audi ne sont pas différents, il n’y a aucune raison qu’ils agissent avec plus d’humanité vis-à-vis des ouvriers de Forest… sauf s’ils sont contraints de reculer face aux travailleurs en lutte.
L’annonce du plan de restructuration chez Audi Forest n’est pas un événement isolé. Tout le patronat est à l’offensive. Le nombre de travailleurs frappés par des licenciements, fermetures et restructurations ne cesse d’augmenter. Cet été, c’est Mithra, Belgotex, l’ALE Mons, KM Group qui ont rejoint la longue liste de ceux qui payent de leur emploi et de leurs conditions de travail le prix du maintien des profits des capitalistes en pleine crise !
L’offensive capitaliste ne se limite pas aux attaques dans les entreprises. A la suite des élections, le patronat et les marchés financiers exigent des gouvernements des budgets pour la dette de l’État et pour l’armée… mais sans prendre sur les fortunes des millionnaires et des milliardaires… et tout en continuant à couvrir de cadeaux les patrons sous forme de subventions et d’allègements fiscaux ! Cela veut dire faire payer les travailleurs, et imposer des mesures d’austérité à la population.
Pour le patron de la FEB, le «plan global» de Dehaene en 1993 est la référence : «saut d’index, blocage salarial, réformes structurelles, vente de participations dans certaines entreprises publiques… C’était costaud. Mais c’est de cela dont nous avons besoin aujourd’hui».
Le gouvernement wallon a déjà rendu sa copie au patronat : attaques contre les contrats APE (surveillants d’école, etc.), contre les travailleurs de la fonction publique, contre ceux qui vivent dans un logement social…
Au Fédéral, les partis de gouvernement peinent à se mettre d’accord sur les détails, mais leur objectif est clair : économiser 27 milliards en 5 ans, en s’attaquant aux salaires, à l’indexation, la fonction publique, ou encore en limitant les indemnités de chômage à 2 ans !
En Flandre et à Bruxelles, la situation n’est pas différente.
Face à une telle offensive, lutter entreprise par entreprise ne peut pas suffire à se défendre. Pour devenir plus fort, il faut une lutte de l’ensemble du monde du travail.
Comme tous les travailleurs sont attaqués en même temps, une telle lutte pourrait aujourd’hui se déclencher à partir d’une première entreprise, en faisant tache d’huile. Autant le patronat que le gouvernement redoute une révolte générale.
Audi Forest, par exemple, regroupe plus de 3.000 ouvriers, l’usine est connue dans toute la Belgique. Un conflit aurait des échos dans bien d’autres entreprises.
Alors pour se défendre, les travailleurs doivent éviter les pièges de la direction, passer par-dessus les divisions entre CDI, sous-traitants, intérimaires, discuter de leurs revendications, se mettre d’accord et élire une direction pour la lutte.
Beaucoup d’ouvriers attendent cela des syndicats. Mais les directions syndicales ne cherchent pas à mobiliser et créer un rapport de force. Elles ne cherchent pas à unifier CDI, intérimaire et sous-traitants. Fin juin, après l’annonce du plan de restructuration, elles ont dit aux ouvriers «partez en vacances, on se revoit après». Et lors du rassemblement syndical du 20 août, les permanents syndicaux n’ont annoncé aucun plan de bataille, sinon la lointaine manifestation du 16 septembre, et les blabla de la procédure Renault.
Mais est-ce que cela suffira pour empêcher de faire les frais de la restructuration ?
Vu ce qui s’est passé lors des fermetures et restructurations d’usines, à VW Forest en 2006, à Caterpillar Gosselies en 2016, Ford en 2013… ça ne sera pas suffisant ! Sans rapport de force, on ne peut négocier que des miettes, et toute une partie des travailleurs reste sur le carreau ! Alors avec ou sans les directions syndicales, il n’y a pas d’autre solution qu’une lutte déterminée et qui se généralise pour faire reculer les patrons et le gouvernement !