Face aux multinationales, à la crise et à la guerre, la lutte entreprise par entreprise ne suffit pas !

La direction de Delhaize a obtenu d’un juge l’interdiction des piquets de grève. Ici comme ailleurs, le patronat n’hésite pas à s’appuyer sur les tribunaux pour gagner du terrain. Les travailleurs ne peuvent pas compter sur la loi pour faire respecter le droit de grève.

Surtout face à une multinationale comme Delhaize ! Les propriétaires et la direction des grands groupes opèrent main dans la main avec les autres capitalistes, les médias, les juges, les ministres, et autres responsables de l’Etat. C’est pour cela que les attaques sur le secteur de la distribution se succèdent entreprise par entreprise, sous l’œil complice du gouvernement, de la justice et de la presse.

Pour faire reculer ces capitalistes et les gouvernements, faire mal au portefeuille d’un seul groupe, comme Delhaize, ne suffit souvent plus, même pour obtenir un geste symbolique, ne serait-ce que pour contenter les directions syndicales. Les multinationales ont les reins plus solides que les travailleurs, qui eux, doivent se priver de salaire pour faire grève !

C’est hors de Belgique que Delhaize a, par exemple, réalisé la plupart de ses 2,5 milliards de profits de 2022. En outre, ces entreprises possèdent des trésoreries leur permettant souvent de supporter une perte de revenu bien plus longtemps que ne le peut une famille ouvrière. Et puis, on le voit avec Delhaize, ce qui attend les travailleurs en lutte, ce sont les détachements d’huissiers et de policiers, il faut s’y préparer ! En étant plus forts !

Alors pour construire un rapport de force, le chemin à prendre ne peut commencer que par étendre la lutte à d’autres entreprises, à d’autres secteurs.

Le jour où un grand groupe, comme Delhaize, plie, c’est le jour où sa direction reçoit un coup de téléphone affolé d’autres patrons, comme ceux de Colruyt, Carrefour, Audi, Volvo,… qui voient avec effroi la grève s’étendre à leur propre entreprise et craignent un mouvement de l’ensemble des travailleurs.

C’est de ça dont ont véritablement peur les dirigeants du capitalisme, bien plus que de la perte de quelques millions d’euros… La petite minorité d’exploiteurs sait que cela devient autrement plus difficile de résister quand s’élève la force gigantesque de la majorité des exploités.

Alors pour se défendre des franchisations, des licenciements, des cadences infernales, des pertes de salaire, il n’y a pas d’autre solution que d’entraîner d’autres entreprises, d’autres secteurs dans la lutte. Cela signifie s’adresser et convaincre des travailleurs dans d’autres entreprises et dans les quartiers populaires, tous ceux qui sont prêts à engager une lutte de classe consciente et déterminée.

Pour les convaincre, il s’agit également d’élargir les mots d’ordre et les revendications ! On peut avoir des problèmes qui semblent différents : franchisation, licenciements, salaires, cadences… mais ils se résument tous à lutter contre l’augmentation des profits patronaux au détriment des salariés. On peut avoir des revendications différentes dans la même lutte.

Appeler seulement à la solidarité, au bon cœur, ne peut pas suffire à étendre le mouvement, surtout quand les menaces patronales se multiplient. En revanche, puisque les travailleurs ont tous les mêmes intérêts, tous gagnent à rejoindre une grève qui a élargi ses objectifs à ceux de l’ensemble du monde du travail. Comme revendiquer des hausses de salaires, une véritable indexation sous le contrôle des travailleurs, l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous et l’ouverture des livres de comptes pour voir où va l’argent !

Mais cette perspective ne viendra pas des syndicats. Ils sont démunis quand la lutte économique ne suffit pas, quand l’adversaire c’est le gouvernement et les multinationales. Cette perspective ne peut venir que de militants ouvriers conscients qu’il faut une lutte globale contre les capitalistes. Elle ne peut venir que de ceux qui, quand la grève démarre, sont préparés à défendre l’idée d’étendre la lutte, sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes !

De tels militants ouvriers, organisés au sein d’un parti communiste et révolutionnaire, manquent partout. Alors ce sont les directions syndicales qui prennent la tête des mouvements, mais elles sont incapables de proposer une lutte d’ensemble contre le patronat et le capitalisme. Reconstruire le parti communiste, qui regroupe et organise le travail politique des militants ouvriers est une urgence vitale pour le monde du travail !

Car la crise ne fait que s’approfondir. Les attaques patronales sur les salaires, les emplois et les allocations de chômage se multiplient et, si rien ne change, la situation des travailleurs ne fera que s’aggraver.

Alors, face à la crise et au risque de généralisation de la guerre qui se profile, il est urgent de préparer les luttes à venir !