L’ex président catalan Carles Puigdemont s’est réfugié à Bruxelles et Théo Franken semble être favorable à ce qu’il demande l’asile politique en Belgique ! Pourtant ce même Franken considère que le Soudan et l’Afghanistan sont des pays suffisamment sûrs pour y renvoyer des réfugiés !
Le gouvernement espagnol jette de l’huile sur le feu en arrêtant d’anciens ministres catalans et en demandant à la police belge de lui livrer Puigdemont, comme si c’étaient de dangereux malfaiteurs.
Puigdemont a déclaré ne pas vouloir « belgianiser » le conflit catalan. N’empêche, la crise espagnole est bien arrivée en Belgique avec le gouvernement pris dans un dilemme : exécuter ou pas le mandat d’arrêt européen lancé par Madrid ?
Livrer Puidgement à l’Espagne, c’est risquer une crise au gouvernement fédéral avec la N-VA. La N-VA aurait du mal à défendre cette décision devant ses électeurs qu’elle a abreuvés pendant des années de discours séparatistes et de soutien à la Catalogne indépendante.
Mais ne pas exécuter le mandat d’arrêt, c’est risquer l’incident diplomatique avec le gouvernement espagnol et surtout les puissants alliés de l’Espagne : l’Allemagne et la France. Ce serait aussi aller un pas de plus vers la dislocation de l’Union européenne.
C’est certainement ce deuxième problème qui pèse le plus lourd dans la balance aux yeux de la bourgeoisie belge et même flamande. Car l’Union européenne et les relations avec les plus grandes puissances économiques d’Europe, ce sont des marchés, des retombées économiques, des profits sonnants et trébuchants. C‘est vers l’Allemagne, la France et les autres pays européens que va la plus grande partie des marchandises arrivant au port d‘Anvers.
Le problème c’est que l’Union européenne n’est qu‘un agglomérat de bourgeoisies et d’États concurrents. Les plus riches – l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne – exercent leur domination sur les pays du Sud comme la Grèce, et encore plus sur les pays de l’Est de l’Europe.
S’ajoute à cette division différents régionalismes hérités de la construction des nations européennes. L’Écosse, la Flandre, la Catalogne… Les différences de langue, les oppressions ayant existé dans le passé, tout est exploité par les bourgeoisies régionales concurrentes pour mobiliser les populations régionales afin de peser sur l’État central pour payer moins d‘impôts, moins de cotisations sociales et augmenter leurs profits.
Ce sont généralement les régions les plus riches qui revendiquent leur autonomie, comme la Flandre et la Catalogne. Ainsi, la crise catalane a les mêmes origines que la crise provoquée par le patronat flamand quand le gouvernement fédéral n’a pu être formé pendant 18 mois en 2010-2011. Une partie de la bourgeoisie catalane, représentée par Puigdemont et son parti, veulent plus d‘autonomie fiscale pour ne plus devoir payer pour les régions espagnoles plus pauvres…C’est une musique connue en Belgique et les séparatistes catalans ont en effet des « amis » en Flandre.
Mais la suite, on la connaît : La Flandre a aujourd’hui plus d’autonomie fiscale, mais les impôts n’ont baissé que pour le patronat, en Flandre, en Wallonie et dans tout le pays. Et si le gouvernement d’une région fait des cadeaux aux entreprises, l’autre est amenée à en faire d’autant plus ! Alors le patronat, grand et petit, flamand et wallon, belge et international, paye aujourd’hui encore moins d‘impôts et continue de profiter du pillage de la sécurité sociale, avec des conséquences dramatiques pour les travailleurs
Dans ces conflits d’intérêts entre différentes fractions de la bourgeoisie, les travailleurs n’ont pas à choisir. Ils n’ont pas à soutenir la Catalogne contre l’Espagne ou la Flandre contre la Belgique. Les travailleurs n’ont pas non plus à soutenir la Wallonie ou l’Angleterre contre l’Europe, parce qu’à chaque fois les travailleurs se retrouvent à soutenir des exploiteurs contre d’autres exploiteurs.
L’Europe est dominée par les capitalistes, mais c’est tout autant vrai pour les États nationaux et ce sont aussi des capitalistes, petits ou grands, qui dominent les régions et leur imposent leurs choix au détriment des intérêts des travailleurs.
Les travailleurs n’ont pas non plus à défendre l’Union européenne telle qu’elle est, en se mettant à la remorque de leurs patrons, des banques et de leurs ennemis, les Macron, Merkel, Charles Michel…
Les travailleurs, de Madrid à Stockholm, de Bordeaux à Varsovie, ont leurs intérêts communs d’exploités à défendre : imposer le partage du travail, l’interdiction des licenciements, la hausse des salaires.
Finalement, le seul salut pour la classe ouvrière sera de s’unir pour renverser ce système dément.