« Faire ce que je fais jusqu’à 67 ans, c’est impossible », c’est le sentiment qu’expriment beaucoup de grévistes et de manifestants face aux mesures annoncées par le gouvernement Michel.
En effet, que ce soit dans les usines ou dans les bureaux, dans le privé ou le public, qu’on soit ouvrier, employé, cheminot, enseignant, infirmière ou postier, on travaille beaucoup plus qu’avant. Au fur et à mesure des restructurations et des licenciements de ces dernières années, la charge de travail de ceux qui ont gardé un emploi a augmenté partout et de plus en plus rapidement.
Quant aux salaires, ils ont souvent régressé. Le chômage permet au patronat de demander toujours plus, pour des salaires toujours plus bas. Cela n’a pas empêché les prix d’augmenter et les fins de mois arrivent de plus en plus tôt. Alors, le saut de l’index, pour beaucoup de travailleurs, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase!
Oui, on n’en peut plus ! Et on ne peut plus accepter d’autres reculs !
Le ras le bol a poussé de nombreux travailleurs dans la rue. Et c’est vrai que c’est en se défendant tous ensemble qu’on peut faire reculer le gouvernement et le patronat ! A condition d’avoir un programme et des revendications qui défendent les intérêts de l’ensemble du monde du travail.
Demander le retrait des mesures annoncées ne suffira pas.
D’abord le gouvernement peut tenter de négocier, reculer sur l’âge de la pension, mais faire passer le reste de la réforme des pensions qui les réduira à peau de chagrin. De même, il peut se limiter à une nouvelle manipulation de l’index plutôt que d’appliquer un saut. Et si le gouvernement renonçait à l’ensemble de ces atteintes à notre niveau de vie, cela voudrait dire que nous serions devenus forts. Alors pourquoi se limiter au seul recul du gouvernement ? Il faudra aussi empêcher les patrons de continuer à s’attaquer aux salaires en s’appuyant sur le chômage.
Pourquoi accepterions-nous encore que les uns croupissent au chômage, tandis que les autres s’usent au travail pour un salaire insuffisant ?
Nos salaires, nos pensions, notre temps de repos sont partis gonfler les profits ! Et c’est là qu’il faut les récupérer. C’est leurs profits ou nos salaires !
Les capitalistes ont leur programme : préserver leurs profits, coûte que coûte, quitte à jeter des millions de gens dans la rue, à priver les jeunes de toute perspective de trouver un travail qui leur assure une existence, quitte à ruiner des régions, voire des pays entiers. Pour les travailleurs, cela signifie le retour à la misère, le chômage et demain la guerre.
Alors, il faut y opposer le programme des travailleurs.
Leur salaire est la seule chose que les travailleurs ont dans cette société. On ne peut accepter qu’il soit sacrifié ! Il y a moins de clients dans les Delhaize, on vend moins de voitures ? Qu’ils prennent sur les profits passés et présents pour maintenir les emplois et augmenter les salaires, qu’ils demandent aux riches actionnaires de renoncer à leurs dividendes pour maintenir un pouvoir d’achat suffisant aux travailleurs et de leur famille. Sinon ce sera ce que veut imposer Delhaize : perdre son travail ou travailler pour 90 € de moins, c’est-à-dire des milliers de familles privées de leurs moyens d’existence !
Alors, la mesure la plus urgente est d’interdire les licenciements et de répartir le travail entre tous, sans perte de salaire, en prenant sur les profits !
Les prix augmentent ? Il faut que les salaires augmentent en conséquence !
Il faut une vraie indexation des salaires, sous le contrôle des travailleurs ! Ce ne sont pas les « experts » issus du patronat, de la bureaucratie syndicale et du gouvernement qui sont les mieux placés pour savoir quel est la part du salaire qui sert à payer le loyer. Ce sont les travailleurs eux-mêmes.
Les patrons prétendent qu’il n’y a pas d’argent ? Qu’ils montrent leurs comptes ! Il faut abolir le secret des affaires et rendre public tout ce qui se passe dans les entreprises. Ainsi, tout le monde pourrait voir où est parti l’argent. Dans les salaires soi-disant trop chers ? Ou dans les dividendes, la spéculation, les pots de vins, des œuvres d’art ?
Les dirigeants syndicaux qui parlent au nom des travailleurs ne mettent pas en avant ces simples mesures de bon sens. Mais les manifestations et piquets sont l’occasion pour les travailleurs d’en discuter… et de se préparer à prendre la parole eux-mêmes !