Les élections sont terminées et le ballet des visites chez le roi a commencé en vue de former une coalition de gouvernement.
Les négociations risquent d’être difficiles pour se partager les places, avec une N-VA dominante en Flandre et un Parti Socialiste qui a perdu des voix, mais reste dominant en Wallonie.
Mais que ce soit avec ou sans la N-VA, avec ou sans le PS, que la formation du gouvernement prenne un mois ou un an, le prochain gouvernement fédéral, tout comme les gouvernements régionaux et la nouvelle Commission européenne, sera un gouvernement de combat contre la classe ouvrière. La classe patronale continuera de mener la lutte des classes contre les travailleurs pour leur faire payer la crise engendrée par les banques et la course au profit maximum des capitalistes.
Ce sont surtout les voix de l’extrême-droite (Vlaams Belang et Dedekker) que la N-VA a récupérées. Le Vlaams Belang perd ainsi 24 de ses 33 sièges aux parlements fédéral et flamand.
Mais si les commentateurs se sont précipités pour déclarer que le Vlaams Belang était mort, les préjugés xénophobes, anti-ouvriers et séparatistes défendus par ce courant d’extrême-droite ne le sont pas. Ils se sont fondus dans le grand mouvement hétéroclite de mécontents que De Wever rassemble sous la bannière du nationalisme flamand. Et nombre d’anciens du VB ont aussi trouvé refuge à la N-VA d’où ils continuent à répandre leur poison qui vise à diviser et à paralyser la classe ouvrière.
Pendant la campagne électorale, les partis « classiques » flamands se sont tous tournés contre la N-VA qui leur a déjà pris beaucoup de postes. Mais tous ces partis, et jusqu’aux socialistes, ont nourri le nationalisme flamand.
Avant la réforme de l’Etat, tous ces partis ont tenté de convaincre la population que scinder encore un peu plus le pays ce sera mieux pour tous les Flamands, y compris les travailleurs. Le gouvernement flamand avait notamment promis des avantages fiscaux, des allocations familiales plus élevées.
De toutes ces promesses, il ne reste rien. Les travailleurs flamands licenciés d’Opel, Ford, Bekaert, Agfa… subissent aujourd’hui le mépris que les nationalistes flamands feignaient de réserver aux seuls chômeurs wallons. Oublié le « jobkorting », ce minuscule avantage fiscal accordé aux travailleurs, oublié les allocations familiales plus élevées. Aujourd’hui, le ministre-président flamand sortant dit que la réforme de l’Etat voudra surtout dire « économiser, économiser, économiser », en tout cas pour ce qui concerne les dépenses sociales utiles à la population. Les patrons et les banques continueront à recevoir les subventions du gouvernement flamand.
Du côté wallon, le PS a également joué sur la peur de la N-VA pour ne pas perdre des voix. Mais d’abord il ne faut pas oublier que c’est le PS wallon qui est à l’origine de la division de l’État dans les années 60. Et toutes les concessions du PS face aux exigences du patronat, qu’il soit flamand, belge ou international, n’ont fait que préparer une politique encore plus anti-ouvrière, qu’elle soit mise en œuvre par la N-VA elle-même ou que ce soit à nouveau des ministres socialistes qui l’appliquent.
Non, les travailleurs flamands ne sont pas tous pour la scission du pays. Beaucoup d’électeurs de la N-VA veulent ainsi exprimer leur mécontentement face à un État fédéral qui ne défend que les intérêts des banques et des plus riches. Bien sûr, voter N-VA pour des travailleurs, c’est voter contre leurs intérêts. Mais là aussi, les partis socialistes ont une lourde responsabilité, eux qui ont depuis longtemps trahi les idées socialistes, pour justifier leur soumission aux intérêts des capitalistes.
Les grand partis flamands n’ont quasiment pas perdu de voix malgré leur politique d’austérité aux gouvernements fédéral et régional. Cela montre que beaucoup de travailleurs en Flandre n’ont pas voulu voter pour une N-VA nationaliste, autoritaire, anti-ouvrière et anti-sociale.
Mais ce vote, comme celui pour le PS, ne protégera pas les travailleurs. Si les méthodes de la N-VA sont plus autoritaires que celles des partis traditionnels, leur politique est la même : encore plus d’argent public pour le patronat, en faisant payer la population laborieuse. Tout ce personnel politique interchangeable est dans le même camp : celui de la bourgeoisie et de son système capitaliste.
C’est sur ce terrain qu’il faudra les combattre, en défendant nos intérêts communs et nos propres exigences de travailleurs qu’on soit flamand, wallon ou immigré, contre les capitalistes et leurs serviteurs dans les gouvernements.