Étudiantes et étudiants contre le massacre à Gaza

Mi-avril, quelques jours après que Netanyahou ait réaffirmé vouloir envahir Rafah, où sont entassés près d’un million et demi de Palestiniens, des étudiants de la Columbia University à New York ont occupé une pelouse de l’université. 

Ils ont installé des tentes sur le campus pour protester contre le massacre à Gaza et ont été délogés sans ménagement par la police. Mais en cherchant à museler les étudiants, les autorités ont encouragé l’effet inverse. 

La mobilisation s’est étendue, d’abord à des dizaines d’autres campus américains puis à l’Europe et à d’autres pays dans le monde.

Aux USA, près de 2.400 étudiants ont été arrêtés. Des étudiants ont aussi été menacés d’expulsion. Condamnés par les dirigeants républicains comme démocrates, ces étudiants sont dépeints par les médias comme antisémites et violents, voire comme des nazis. Ceux qui fournissent les bombes qui assassinent à Gaza accusent les manifestants de violence ! 

En réalité, les contestataires sont massivement opposés à l’antisémitisme, comme le montrent toutes leurs déclarations. Dénoncer la politique criminelle du gouvernement israélien d’extrême droite n’a rien à voir avec l’antisémitisme, c’est-à-dire avec la haine des Juifs en général.

Le moteur de cette mobilisation c’est que, depuis le 7 octobre, une fraction de la jeunesse s’est éveillée à la politique et condamne les bombardements massifs à Gaza menés avec les dollars américains et le soutien des Etats occidentaux. Et même si le nombre de « campeurs » n’est pas massif, leur force est d’exprimer un sentiment largement partagé par la population. Cela, les gouvernements occidentaux le savent. 

Alors ce mouvement dérange. Aux USA, il rappelle un peu l’opposition à la guerre du Vietnam, qui avait démarré dans l’armée puis avait trouvé dans les campus étudiants un lieu de contestation durable.

Les collectifs étudiants ont pour revendication principale que leurs universités respectives rompent leurs liens et accords avec les universités israéliennes. Cette revendication est certes limitée face au massacre en cours, et pourrait laisser penser que les enseignants et étudiants israéliens soutiennent le gouvernement de Netanyahou, ce qui est loin d’être vrai. Au contraire ! De nombreux juifs dénoncent Netanyahou et son gouvernement dont la politique aggrave les tensions.

Mais les réponses des dirigeants des universités comme quoi les liens universitaires seraient « le dernier pont à couper » lors de conflits sont parfaitement hypocrites. Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, de nombreuses universités belges et françaises avaient rompu leurs échanges avec les universités russes.

La réalité c’est que les liens internationaux des universités sont alignés sur les intérêts des classes dirigeantes. 

Et même si symboliquement certaines universités rompaient des accords avec des universités israéliennes, cela n’effacerait en rien la responsabilité des Etats occidentaux dans la guerre. Car les USA et leurs alliés ne sont pas juste un soutien d’Israël. Au contraire, Israël est l’instrument du contrôle américain et européen sur le Proche-Orient et ses ressources.

Lorsqu’on est révolté par le massacre à Gaza, ce n’est pas seulement la direction des universités, mais surtout la responsabilité de nos propres États impérialistes qu’il faut dénoncer. 

C’est aussi comme cela que les étudiantes et étudiants pourront éviter de conclure qu’il ne sert à rien de se battre si le mouvement échoue et au contraire comprendre que pour mettre fin aux guerres, c’est toute cette société qu’il faut renverser.

En Belgique, les étudiants de l’Université de Gand puis ceux de l’Université Libre de Bruxelles et de l’Université de Liège ont commencé des occupations.