Et maintenant ?

Cette grève a été un large succès dans tout le pays, même s’il est difficile de se compter, car aucune assemblée générale n’a été tenue pour voter la grève tous ensemble. Les directions syndicales n’ont pas non plus organisé d’autres manifestations qui auraient permis d’être nombreux et de donner un élan supplémentaire à cette mobilisation.

Cependant, depuis début novembre, quand les syndicats ont appelé à la manifestation du 6/11 à Bruxelles, puis les grèves tournantes dans les provinces wallonnes et flamandes et cette grande grève dans tout le pays, beaucoup de travailleurs ont pu montrer leur profond mécontentement, leur refus de l’austérité, leur refus du saut d’index et du recul de l’âge de la retraite.

Une fois de plus les travailleurs ont fait la démonstration que sans eux rien ne tourne dans le pays et que ce sont les travailleurs qui sont indispensables: on pourrait très bien se passer des actionnaires, mais on ne peut pas se passer des travailleurs. C’est cela qui peut faire la force des travailleurs, s’ils en sont conscients et s’ils s’organisent en conséquence.

Les actionnaires des banques et des grands groupes capitalistes, et bien des petits patrons, croient qu’ils peuvent duper encore longtemps les travailleurs et continuer à maintenir une société injuste où les uns sombrent au chômage pendant que les autres se crèvent au travail pour des salaires et des pensions insuffisantes.

Les riches actionnaires amassent des profits formidables mais ils n’en n’ont jamais assez. Ils s’arrangent pour ne payer quasiment pas d’impôts, en utilisant le Luxembourg ou d’autres paradis fiscaux, et la Belgique elle-même en est un pour les grandes fortunes. Ils mettent l’économie en faillite, mais ils exigent que ce soit les travailleurs qui en payent les conséquences.

Et quand les travailleurs protestent, se défendent, exigent leur dû, ils crient au sabotage de l’économie, ils font appel aux lois, aux huissiers, à la police, pour défendre leurs profits et leur propriété privée.

Et ils trouvent les grands partis et les gouvernements de leur côté.

Entend-on les partis socialistes protester contre les menaces d’astreintes et les appels à limiter le droit de grève ? Pas du tout, les ministres socialistes mènent une politique d’austérité semblable en Wallonie. On ne peut rien attendre de ces partis qui imposent l’austérité aux travailleurs mais favorisent l’enrichissement des actionnaires parasites.

Les libéraux et les sociaux-chrétiens ? Ils ont été et sont encore de tous les gouvernements, complices avec les partis socialistes, pour imposer l’austérité.

Un nouveau parti, la NV-A, avait fait croire que le problème principal était d’imposer l’autonomie des régions et que, débarrassée de la Wallonie, toute la Flandre se porterait mieux. Des travailleurs y ont cru, mais aujourd’hui la réalité c’est que la NV-A se prépare à faire payer les travailleurs – y compris les travailleurs flamands – pour enrichir un peu plus les riches actionnaires et les banques, qu’ils soient flamands, wallons ou de toute autre nationalité. Car le profit capitaliste n’a que faire des nationalités, des couleurs de peau, de la langue parlée par les travailleurs… pourvu qu’ils rapportent du profit.

Alors on est à la croisée des chemins.

Les travailleurs ont montré qu’ils pouvaient se mobiliser, le patronat montre qu’il ne veut pas céder ! Alors il n’y a pas d’autre choix que d’accentuer la mobilisation si on refuse que l’avenir soit le chômage, les bas salaires, les retraites encore plus basses, la sécu au rabais, les services publics dégradés…

Que vont décider les directions des syndicats ?

Aucun travailleur ne sait réellement quelles seront leurs décisions, car les directions syndicales font leurs choix sans débat avec les travailleurs et sans qu’ils puissent exercer un contrôle sur la mise en application de ces décisions.

Et sans que les revendications aient été nettement définies. Les directions syndicales ont leur raisons d’être opposées à la politique du gouvernement fédéral, des ministres ayant évoqué de leur enlever la gestion des caisses de chômage…

Mais ce qui intéresse en priorité les travailleurs c’est la suppression du chômage ! Et aussi l’augmentation des salaires et des pensions !

Les travailleurs sont une force, les mobilisations de ces dernières semaines l’ont montré. Mais pour faire reculer le patronat et les gouvernements il faudra faire plus que montrer sa colère. Pour cela il faudra que la mobilisation ne dépende plus seulement des directions syndicales.

Pour y arriver il faut discuter de nos revendications, il faut discuter dans les entreprises et les quartiers de la mobilisation nécessaire et des moyens de la réaliser. Là est le gage que les objectifs des luttes à venir et des moyens de les mener correspondent à ce que veut l’immense majorité de la population travailleuse.