Tandis que la campagne des élections communales bat son plein, ArcelorMittal est venu rappeler que ce ne sont pas les électeurs ni les élus, mais bien les patrons qui détiennent le pouvoir.
Pour imposer la fermeture des hauts fourneaux et un plan « social » qui leur coûte un minimum, les dirigeants d’ArcelorMittal n’ont pas hésité à menacer de retirer les 138 millions d’euros d’investissements qui étaient prévus dans les laminoirs à froid et de menacer ainsi l’emploi de 2 000 travailleurs supplémentaires.
Le conseil d’administration d’ArcelorMittal n’est élu par personne et il ne doit des comptes qu’aux plus grands actionnaires du groupe. Ceux-ci sont anglo-indiens, mais aussi luxembourgeois, français et belges et eux aussi ont profité des dividendes élevés et on ne les a pas entendu s’opposer aux licenciements prévus par le groupe en Belgique, en France, en Pologne et ailleurs.
Oui, les décisions de ce conseil d’administration ont bien plus d’impact sur le sort de la commune de Seraing et de toute une région que tout conseil communal et même que le gouvernement.
De même, le sort de la région de Genk se décide dans le conseil d’administration des actionnaires de Ford, celui de Courtrai par la famille Bekaert, etc. Que ces entreprises aient leur siège en Belgique ou à l’étranger, ce qui leur donne le pouvoir de décider du sort des travailleurs, ce ne sont pas leurs « droits citoyens », mais leurs titres de propriété sur les entreprises.
C’est une véritable dictature des capitalistes que nous subissons tous, qu’on ait encore un emploi ou pas, qu’on soit CDI ou intérimaire, employé ou ouvrier, qu’on travaille dans une grande ou dans une petite entreprise, qu’on soit indépendant ou fonctionnaire, tous nous subissons les décisions prises dans le plus grand secret des conseils d’administration des grandes entreprises et des banques.
Même quand on est ingénieur ou cadre, on peut perdre son travail quand l’entreprise ferme ou restructure. Même quand on est fonctionnaire on peut voir ses conditions de travail se dégrader suite aux économies de l’Etat qui par ailleurs dépense des milliards pour sauver les intérêts de banquiers et d’actionnaires. Même quand on est indépendant, on perd des clients et on peut voir ses enfants galérer entre chômage et boulots précaires.
Nous sommes tous soumis à cette dictature du capital, et c’est bien cela qui peut être notre force. Les actionnaires semblent aujourd’hui tout puissants, mais c’est l’armée des travailleurs de tous les secteurs, de tous les statuts et de toutes les origines qui fait fonctionner l’économie et c’est cela qui peut donner un rapport de forces en notre faveur.
C’est tous ensemble que nous sommes menacés, c’est ensemble que nous avons le pouvoir de faire reculer la dictature patronale et que nous pouvons même l’abolir.
Ce ne sont pas les bulletins de vote qui donnent cette possibilité aux travailleurs, mais bien des luttes collectives et déterminées, et notamment les grèves qui s’étendent à tous les secteurs. Car c’est ainsi qu’on peut toucher les patrons là où ça fait mal : à leur portefeuille.
Par les luttes du passé, les travailleurs ont pu imposer un certain nombre de nouvelles règles et de lois : l’interdiction du travail des enfants, les congés payés, et même le droit de vote pour les travailleurs, et l’échelle mobile des salaires.
Aujourd’hui, le monde du travail ne doit pas seulement imposer l’interdiction des licenciements au patronat et le partage du travail entre tous sans perte de salaire. Il doit aussi imposer la levée du secret des affaires et le contrôle des comptes des entreprises et de leurs actionnaires, et rendre public tout ce qui se discute dans les conseils d’administration.
Ces objectifs pour les luttes futures sont vitaux. On ne peut se contenter de quelques concessions salariales ou fiscales que les capitalistes reprendront aussitôt par l’inflation. Ces objectifs de lutte permettront d’ôter aux capitalistes leur pouvoir sur l’avenir de toute la société.
Dans les élections, on peut exprimer son adhésion à cette perspective. Mais encore faut-il un parti qui défende un programme de lutte pour s’en prendre au pouvoir des patrons, un parti qui défende la perspective d’un avenir communiste où la société ne sera plus soumise à la dictature d’une poignée de grands actionnaires, mais où ceux qui travaillent seront aussi ceux qui décident collectivement. Une nécessité pour que l’économie tourne enfin pour le bien de tous. Ce parti reste à construire. Les militants de Lutte Ouvrière qui éditent La Voix des Travailleurs militent pour la construction d’un tel parti.