En France, malgré les appels à la « trêve de noël » des médias et de certains syndicats, la grève a continué à la SNCF et dans les transports parisiens. Pendant toute la période des fêtes, les grévistes ont multiplié les actions. Bien loin du carcan corporatiste habituel qui cantonne les luttes dans un seul secteur, ils sont allés discuter avec d’autres travailleurs de tous les secteurs, à la porte de leur entreprise, dans les centres commerciaux, dans les rues… Car tout le monde est conscient que le retrait de la réforme des retraites, qui concerne l’ensemble des travailleurs, dépend de l’élargissement de la grève.
Jeudi et samedi passés, les manifestations dans tout le pays ont encore réuni des centaines de milliers de manifestants. Et si les médias ont surtout montré les heurts très violents avec la police en fin de cortège, ces manifestations se distinguent surtout par la multitude des slogans chantés, des pancartes et banderoles fabriquées par les grévistes eux-mêmes, montrant qu’ils n’entendent plus se taire ou laisser quiconque parler à leur place !
Macron est loin d’en avoir terminé avec la contestation ouvrière ! Il n’a pas réussi à monter la population contre les cheminots qu’il a osé décrire comme des privilégiés ! Et même dans les grandes entreprises privées où la grève est restée très minoritaire, les sympathies pour le mouvement restent grandes. Pour éviter des extensions de la grève, le gouvernement a fait des concessions, en multipliant des exceptions à certaines catégories, lui qui dit vouloir imposer un régime universel ! Cela n’a pas convaincu les grévistes d’abandonner le mouvement. Au contraire, ils l’ont pris pour ce que c’était : un premier recul… et se sont sentis encouragés pour continuer.
Les grévistes peuvent être fiers de leur mouvement. Ils nous montrent le chemin à tous !
Certes, en Belgique, nous n’avons pas de gouvernement fédéral. Mais cette grève nous concerne. La retraite à points de Macron est la même que celle que le gouvernement Michel a voulu imposer. Une réforme qui aurait dû devenir le coup de grâce après le relèvement de l’âge de la prépension (Di Rupo), de l’âge de la pension (Michel) et les modifications de calcul (tous les gouvernements depuis les années 90), qui ont déjà considérablement réduit les pensions. Elle est pour l’instant retournée dans les tiroirs suite à l’impossibilité de promulguer de nouvelles lois fédérales.
Mais les pensions seront dans le collimateur de n’importe quel futur gouvernement, tout comme la sécurité sociale. Car le patronat est déterminé à baisser les salaires, notamment à travers la baisse des cotisations qu’il verse aux caisses de la sécurité sociale. Et les fonds financiers veulent faire leur beurre sur le dos des travailleurs qui auront encore les moyens de se payer une assurance vieillesse privée.
Les réformes des pensions vont de pair avec les baisses des salaires, les licenciements, les attaques contre les allocations de chômage et la dégradation des services publics soumis à l’austérité. Toutes ces attaques contre le niveau de vie des travailleurs afin de pouvoir gaver les banquiers.
Dans les entreprises, les patrons n’attendent pas qu’il y ait un gouvernement fédéral pour mener leurs restructurations, pour diminuer l’emploi, augmenter la charge de travail, pour imposer des contrats précaires, entrainant partout une dégradation des conditions de travail.
Les gouvernements régionaux n’ont pas attendu non plus qu’il y ait un gouvernement fédéral pour appliquer de nouvelles politiques d’austérité en diminuant les budgets de tout ce qui est utile à la population. Le gouvernement N-VA-CD&V-VLD en Flandre le fait en grande pompe, le gouvernement PS-Ecolo-MR en Wallonie en essayent de faire en sorte que ça ne se remarque pas trop. La différence s’arrête là, car pour tous les gouvernements, il s’agit de libérer de l’argent pour les profits des entreprises et des banques.
Alors, les travailleurs ne doivent pas attendre non plus pour montrer qu’ils ne comptent pas se laisser faire. La FGTB appelle à une manifestation nationale le 28 janvier pour « défendre la sécurité sociale ». Il faut y être le plus nombreux possible. Bien sûr, ce n’est pas une seule manifestation qui changera le rapport de forces, et les objectifs mis en avant par la direction syndicale sont très limités, car elle craint surtout pour son propre rôle de « partenaire social ». Mais plus on sera nombreux, plus il sera difficile pour les directions syndicales de s’arrêter là. Et tôt ou tard, il nous faudra faire ce que les grévistes de la SNCF et des transports parisiens ont commencé à faire : devenir nous-mêmes des militants de nos luttes !