Les élections sociales, reportées à cause de la première vague du Covid… se déroulent durant la seconde vague, par correspondance. Ainsi en ont décidé les organisations patronales et syndicales pour « limiter les risques sanitaires », comme le dit une directrice de la FEB, Monica De Jongh.
C’est pourtant avec inquiétude que l’immense majorité des salariés se rendent au travail dans des entreprises qui font passer les objectifs de production avant leur santé. Le matériel de désinfection, les masques, sont la plupart du temps distribués en quantité strictement limitée. Quant au respect des distances sanitaires, dans les consignes des chefs d’ateliers ou de bureau, cela se réduit au fait que les travailleurs ne peuvent pas discuter entre eux.
La dégradation des conditions de travail s’accompagne également d’une hausse de la précarité. Beaucoup de salariés sont des intérimaires aux contrats courts, voire journaliers. Entre eux et le délégué syndical, il y a l’œil suspicieux de la maîtrise qui détient le pouvoir de prolonger ou non le contrat.
Mais toutes ces difficultés n’empêcheraient pas les travailleurs de débattre entre eux de leurs problèmes si les organisations syndicales osaient s’appuyer sur les aspirations des travailleurs à protéger leur santé et leur emploi, et c’est là que le bât blesse. Car les dirigeants syndicaux, loin de considérer que les travailleurs n’ont pas à faire les frais de la faillite sanitaire dont les patrons et les gouvernements portent l’entière responsabilité, ne pensent qu’à faire le gros dos en espérant limiter la casse sociale.
Les patrons, eux, n’attendent pas un vaccin, ou une reprise économique, pour annoncer des suppressions d’emplois et faire pression pour produire plus. Finalement, ce n’est que lors des luttes et des grèves que les travailleurs retrouvent réellement la capacité de discuter librement, de choisir ce qu’ils veulent et de désigner leur porte-parole.