Dire non à la misère, une nécessité vitale !

Le 19 décembre, les syndicats appellent à une manifestation contre la réforme des pensions que prépare le gouvernement.

Allons-y le plus nombreux possible !

Ce que le gouvernement appelle une « réforme » est en vérité une grave régression du régime des pensions. Le gouvernement veut en effet imposer un système à points. Chaque année travaillée à temps plein et contre un salaire qui correspond au salaire médian, représenterait un point. Vous gagnez moins, votre travail est précaire ? Vous aurez moins qu’un point. Mais combien vaudront vos points au moment de prendre votre retraite ? Le gouvernement veut faire dépendre la valeur du point de la situation économique générale et de la situation budgétaire de l’État telles qu’elles seraient à ce moment-là. Autant dire que la misère est préprogrammée en ces périodes de crises financières à répétition.

Si le sens de la Sécurité sociale et des pensions était de protéger les travailleurs un tant soit peu contre les aléas de la vie, voilà que le gouvernement tourne ouvertement le dos à cette idée.

Oh, la classe capitaliste s’est toujours moquée de savoir, dans quelles conditions devaient survivre les travailleurs usés par l’exploitation ou ceux qu’elle jetait au chômage.

Mais à la suite de la révolution russe de 1917 et de la vague révolutionnaire qui a suivi et secoué toute l’Europe, les patrons ont préféré faire des concessions.

Après la deuxième guerre mondiale, la classe capitaliste craignait une nouvelle réaction révolutionnaire des populations laborieuses après que l’Europe ait été mise à feu et à sang pour une deuxième fois. Les bourgeoisies des pays riches acceptèrent alors de mettre en place des systèmes de sécurité sociale pour relever la capacité de travail des populations et qui devait garantir une certaine paix sociale.

Cela n’avait rien d’un cadeau. L’âge de la retraite fut fixé à 65 ans, l’espérance de vie des travailleurs à l’époque. Le financement ne fut pas pris sur les profits, mais en retenant une partie des salaires des travailleurs que le patronat ne se gêne pas d’appeler« charge patronale ». C’est aussi par une petite part des énormes profits tirés de la surexploitation des populations des colonies que la classe capitaliste finança la paix sociale en Europe.

La bourgeoisie a toujours considéré cette concession comme temporaire, dictée par un rapport de force qui lui était défavorable. Déjà en 1960, avec la Loi unique, elle opérait les premières attaques contre la Sécurité sociale. Cela provoqua la grande grève de l’hiver 1960-1961.

Depuis le début des années 80, et en prétextant la lutte contre le chômage, les gouvernements successifs ont baissé toujours plus les « charges patronales ». Chaque année les ressources de la Sécurité sociale sont amputées, aujourd’hui de 11 milliards d’euros. Des milliards qui vont gonfler les profits des riches actionnaires plutôt que de servir aux malades, aux handicapés, aux personnes âgées ou aux chômeurs.

Dans le contexte de la crise du système capitaliste, la bourgeoisie a besoin de l’argent de la sécurité sociale pour sauver les profits des actionnaires des banques spéculatrices et des grandes entreprises.

Que ce soit la droite ou la gauche au gouvernement, dans tous les pays, les gouvernements sont occupés à démanteler ce qui reste de la Sécurité sociale. Et ils s’acharnent avec d’autant plus de détermination, quitte à rétablir la misère ouvrière d’antan, qu’il leur semble ne pas risquer de grandes réactions du côté des travailleurs, désorientés par plusieurs décennies de trahisons des syndicats et des Partis socialistes. Sur base de la sécurité sociale, ils avaient fait miroiter les illusions d’une possible entente entre le monde du travail et le patronat.

Montrons leur qu’ils se trompent, car si nous ne voulons pas connaître la misère comme nos aïeuls, il n’y a pas d’autre choix que retrouver le chemin de la lutte.

Oh, une seule manifestation ne fera pas reculer le gouvernement. Mais ne pas manifester, c’est approuver cette politique, c’est permettre au gouvernement de mener sa politique avec notre consentement.

Oui, le gouvernement et le patronat ne reculeront que lorsqu’ils auront face à eux des travailleurs suffisamment déterminés à défendre leurs intérêts pour ne plus se laisser arrêter par les directions syndicales, des travailleurs conscients que c’est avec le capitalisme lui-même qu’il faut en finir. Ce n’est pas le but des directions syndicales qui appellent aujourd’hui à la manifestation.

Pour mener de telles luttes, il faudra que les travailleurs se donnent leur propre direction. Mais on ne se rapproche pas du rapport de force nécessaire en se refusant de dire non. L’occasion de le dire nous est donnée, servons nous en !