Depuis deux semaines, les « gilets jaunes » enchaînent des blocages de rondpoints, carrefours, raffineries et autres accès aux supermarchés. En France le même mouvement, démarré aussi contre les taxes, pose de plus en plus souvent la nécessité de la hausse des salaires et des pensions.
Les taxes sur le diesel ont fait déborder le vase. Mais cela fait longtemps qu’entre les suppressions d’emploi, les salaires gelés, les pensions rabotées, les allocations de chômage supprimées, la chasse aux malades, et les taxes diverses… il devient toujours plus difficile dans les ménages populaires de joindre les deux bouts.
Pour des milliers d’hommes et de femmes qui ont participé à un moment ou un autre, c’était souvent la première manifestation, la première action collective. Et beaucoup disent avoir rencontré beaucoup de solidarité, de soutien, et se sentir renforcés d’enfin oser protester.
Des centaines, des milliers de personnes qui ne veulent plus se taire. Et avec leurs actions, les « gilets jaunes » ont montré qu’il est possible de se mobiliser à la base, même quand aucun syndicat ou parti y appelle. C’est un pas important qui vient d’être franchi !
« L’argent ne tombe pas du ciel », leur répond Charles Michel.
Non, l’argent ne tombe pas du ciel, il s’envole des mains des travailleurs vers les poches des actionnaires des grandes banques et entreprises !
Ce sont les travailleurs qui sont à l’origine de toutes les richesses. Ce sont eux qui les fabriquent dans les entreprises, qui les transportent, qui les vendent et qui assurent toute l’administration.
Mais ce sont les patrons qui empochent les profits. Les salaires sont gelés, mais les profits explosent. Pour les grandes entreprises du Bel20, les profits ont augmenté de 56% l’année passée !
Ainsi, les travailleurs sont volés même avant de payer des taxes et des impôts. C’est parce que les salaires baissent et la charge de travail augmente que les profits augmentent. C’est nos salaires OU leurs profits. Toujours plus pour le patronat, toujours moins pour les travailleurs, c’est la devise de la lutte de classe que le patronat mène au monde du travail, dans les entreprises et à travers l’Etat.
C’est pour ça qu’il est nécessaire que le monde du travail s’enfonce dans la brèche ouverte par les « gilets jaunes » et qu’elle mène la lutte sur son terrain avec ses revendications !
C’est dans les entreprises qu’on peut vraiment mettre en cause le fonctionnement de l’économie et peser sur le grand patronat et les gouvernements. C’est dans les entreprises que sont fabriquées toutes les richesses. Quand le travail s’arrête, on touche la classe capitaliste là où ça lui fait le plus mal : dans ses profits. C’est quand les capitalistes craignent de tout perdre qu’ils font des concessions.
Les travailleurs ne peuvent pas se contenter d’un mot d’ordre aussi limité que « à bas les taxes ! ». Ce n’est pas pour rien que ce mot d’ordre est si facilement repris par l’extrême-droite, notamment par Le Pen en France et le Parti Populaire ici.
Que la colère vise des politiciens, ces démagogues d’extrême-droite n’ont rien contre. Ils veulent prendre leur place. Mais ça sera pour faire la même politique en plus brutale encore ! Car Modrikamen, l’avocat des actionnaires de Fortis, qui dirige le Parti Populaire, la millionnaire Marine Le Pen, le Vlaams Belang, … ne sont nullement contre les cadeaux au patronat. Tous défendent d’ailleurs dans leur programme des baisses d’impôts encore plus importantes pour les entreprises. Et tout comme Charles Michel, Di Rupo, De Wever et compagnie, ils n’arrêtent pas de répéter qu’il faut aider les patrons qui seraient des créateurs d’emplois…
Mais Caterpillar, les banques, Delhaize, Arcelor Mittal, et toutes ces grandes entreprises qui ont reçu des milliards de l’Etat, ont supprimé des dizaines de milliers d’emplois !
Les politiciens peuvent changer, mais les actionnaires des grandes entreprises restent. Et leur programme pour le prochain gouvernement reste le même : dans une version plus brutale encore, ce sera encore et toujours : plus pour les patrons, moins pour les travailleurs.
Il faut que les travailleurs y opposent leur programme à eux : tout le monde doit avoir un emploi, un salaire et une pension corrects ! Aux capitalistes de prendre sur leurs profits pour les payer !
Pour suivre les prix, il faut une augmentation générale des salaires, pensions et allocations. Et il faut rétablir une véritable indexation des salaires !
Nous avons la force de l’imposer, si nous devenons tous des militants de notre fiche de paye !