Derrière la crise politique, la crise du capitalisme

Le tango de la formation du gouvernement se poursuit à pas lents et compliqués. Et bien malin qui pourrait dire si une coalition de gouvernement en sortira un jour, et si oui, laquelle.

Ce qui est certain cependant, c’est que les points dans la note de Magnette qui iraient un tout petit peu dans le sens d’une amélioration pour les travailleurs, ne seront appliqués par aucune des coalitions que ces négociateurs pourraient trouver. Déjà, il aurait ajouté « un peu de bleu » pour satisfaire le VLD.

Mais au-delà même des partis, Pieter Timmermans, le patron du syndicat patronal FEB a pris la parole pour rappeler qu’il était hors de question que le patronat accepte une hausse quelconque des salaires, ni même une marge plus importante pour les négociations avec les syndicats.

Quant aux 1 500 euros de pension minimum, s’ils voyaient le jour, ce serait pour une carrière complète (à 67 ans) que très peu de travailleurs connaîtront. Au mieux, ce montant trompeur servira à masquer les attaques importantes que le gouvernement sortant a amorcées et que le gouvernement suivant poursuivra. Mais en aucun cas, ces mesures trompeuses n’empêcheront des fractions toujours plus importantes de la population de tomber dans la pauvreté.

Si le PS participe au gouvernement fédéral, ce sera encore pour mettre en œuvre une politique d’austérité, peut-être avec le « cœur qui saigne »…mais en appliquant le contraire de ses promesses. Il faut se rappeler qu’en 2011, la N-VA ne faisait pas partie du gouvernement Di Rupo… qui a pourtant appliqué tout le programme défendu par la N-VA. Notamment la réforme de l’Etat qui était un gigantesque plan d’austérité aux conséquences désastreuses, que les travailleurs de la fonction publique régionalisée et leurs usagers sont encore en train de subir. C’est aussi la chasse aux chômeurs, qui a privé de leurs droits des dizaines de milliers de jeunes chômeurs, de travailleurs licenciés et de femmes, et a rallongé les files devant les CPAS. Le PS a voté les « intérêts notionnels » qui permettent aux grandes entreprises d’échapper à l’impôt, le sauvetage des banques à coup de milliards d’argent public, et toutes les baisses des « charges patronales » qui ont contribué à vider les caisses de la sécurité sociale.

Mais en fait, on est déjà une étape plus loin.

Tous les sacrifices imposés aux classes populaires, le démantèlement des services publics, le pillage de la sécurité sociale, que les gouvernements successifs ont imposé aux travailleurs, ont gonflé les profits des entreprises à des hauteurs jamais vues. Mais les capitalistes ne les ont pas investis dans la production et les emplois, car le marché est trop incertain et les profits moins juteux. Les profits ont alimenté la spéculation… et débouché sur la crise bancaire d’il y a dix ans. Depuis, des milliers de milliards de dollars et d’euros d’argent public ont servi à soutenir le système financier. Et tous les bénéfices obtenus des reculs imposés aux populations du monde entier ont poussé la spéculation à des niveaux encore plus hauts qu’avant la crise bancaire.

Aujourd’hui, l’économie est plus soumise que jamais aux soubresauts de la spéculation. L’étincelle qui déclenchera le prochain krach peut jaillir à tout moment. La guerre économique s’intensifie entre les groupes capitalistes et leurs États qui les soutiennent et elle peut finir par déboucher sur des conflits militaires, notamment entre les USA et la Chine.

L’instabilité politique elle-même est une conséquence de cette instabilité économique et elle la renforce à son tour. Au Royaume Uni, la démagogie anti-européenne a été répandue par tous les partis britanniques pour mieux masquer leurs responsabilités et celle du capitalisme dans la misère qui touche les travailleurs et la population pauvre. Cette démagogie a fini par leur échapper et plonge le pays depuis trois ans dans l’impasse du Brexit.

En Belgique, la démagogie communautaire peut déboucher sur une spirale infernale similaire. En 1961, le nationalisme wallon a servi à mener dans l’impasse la plus grande grève depuis la guerre. Cela a débouché sur la première réforme de l’Etat, suivie par cinq autres qui ont fait naître ce pays instable à 3 régions, 3 communautés et 6 parlements et gouvernements.

Alors, les travailleurs, d’où qu’ils soient, ne peuvent plus se permettre le luxe de compter sur les promesses politiques, qu’elles viennent de droite ou de gauche, qui ne se réaliseront jamais. Les travailleurs doivent se préparer à défendre leurs emplois, salaires et pensions. Et puis il nous faut renouer avec le courant révolutionnaire du mouvement ouvrier pour débarrasser l’humanité de ce système désastreux !