Delhaize, Cora : face à l’offensive contre les salaires, les travailleurs doivent s’unir !

Il n’aura pas fallu longtemps pour que, les élections passées, les annonces de plans de suppression d’emplois reprennent de plus belle ! Cette fois, ce ne sont pas « la concurrence chinoise » ou « les travailleurs étrangers » qui peuvent servir de prétexte : c’est le secteur de la grande distribution, avec ses groupes ultra-profitables, ses actionnaires fortunés, comme Delhaize et Cora.

Mais des prétextes, il s’en trouve toujours, quand il s’agit de justifier et de dissimuler la soif de profits des plus riches. Ainsi, ce serait ce nouveau venu, la chaîne hollandaise Albert Heijn, qui avec ses 3% de part de marché, mettrait en péril le géant Delhaize, « handicapé par ses coûts salariaux plus élevés de 30 % ».

Il faut beaucoup de complaisance, parmi les médias et le monde politique, pour donner consistance à cette fable. Delhaize est un des groupes les plus profitables du pays. En 2010, il affichait € 574 millions de bénéfices au niveau mondial ! Depuis ces sommets, il est vrai, la montagne des profits a été quelque peu érodée par la baisse de la consommation : en 2013, les 138 magasins belges ont ‘seulement’ rapporté € 187 millions … un montant sur lequel le groupe n’a dû s’acquitter que de 3% d’impôts.

Les actionnaires du groupe, parmi lesquelles des grandes fortunes belges, auraient de quoi maintenir tous les emplois.

Mais seuls leurs profits comptent pour eux, quitte à priver des milliers de familles du salaire qui leur permet de vivre.

Les responsables politiques, qui s’affairent à former les coalitions gouvernementales des différents niveaux de pouvoir, n’émettent que des protestations de pure forme. Pour eux, en effet, c’est le droit sacré de chaque capitaliste de défendre ses profits, et leur travail celui d’exécuter la volonté de la classe des exploiteurs.

Une fois les gouvernements fédéraux et régionaux formés, les ministres en place, les partis politiques ne perdront pas une minute pour mettre en oeuvre les revendications patronales, comme celles formulées dans un récent rapport de la Banque Nationale de Belgique, qui recommande € 14 milliards d’économies supplémentaires, notamment en prenant des mesures « pour diminuer les dépenses des pensions et des allocations de chômage ».

Ce ne sont pas seulement les travailleurs chez Delhaize, ni même uniquement ceux de la grande distribution qui sont visés. Ce qui est en cours, c’est la continuation de l’offensive de la classe capitaliste contre la classe des travailleurs.

Si Delhaize démontre qu’il est possible de comprimer les salaires de 20 à 30 %, même quand les actionnaires engrangent des centaines de millions de profits, quel patron ne voudra pas en faire autant?

Face à ces menaces, loin de chercher à unir les travailleurs de Delhaize et ceux de Cora dans une lutte commune, les permanents syndicaux négocient séparément les reculs imposés aux salariés. Chez Cora, les négociateurs syndicaux acceptent plus de polyvalence et de flexibilité, des dérogations aux conventions sectorielles, au nom du maintien de l’emploi. Chez Delhaize, ils cèdent aux exigences de la direction qui veut se débarrasser des travailleurs âgés, en réclamant des pré-pensions dès 55, voire 52 ans.

C’est faire accepter aux travailleurs comme une fatalité le fait que les grandes fortunes s’enrichissent au détriment des travailleurs. Mais il ne s’agit nullement d’une fatalité.

C’est une lutte des classes des riches contre les classes pauvres. Dans cette lutte, ce qui manque aux travailleurs c’est leur propre politique, qui leur permet de se regrouper pour défendre leurs intérêts communs. Ensemble, ils ont les moyens d’imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire. Ce n’est pas aux travailleurs de faire les sacrifices. Aux capitalistes de prendre sur leurs profits !

Et ils ont les moyens d’imposer la levée du secret des affaires et de contrôler tout ce qui se discute dans les conseils d’administration pour ne plus permettre que les travailleurs, les premiers concernés, soient les derniers à être au courant des plans concoctés par les patrons.