C’est la coutume, plus un homme politique a porté de coups contre les travailleurs, plus sa mort doit susciter d’éloges dans les commentaires officiels. Selon cette logique, Jean-Luc Dehaene a eu droit aux louanges qu’il méritait. Issu du Mouvement Ouvrier Chrétien, il a gravit les échelons au sein du CVP pour devenir chef de cabinet dans le gouvernement Martens-Gol, resté dans les mémoires des travailleurs des années 80 pour ses mesures d’austérité et les sauts d’index à répétition.
En 1992, Dehaene devient premier ministre du gouvernement CVP-PS qui impose « le plan global »: le gel des salaires, l’introduction de l’index santé (une invention du PS) qui exclu les coûts du carburant, du tabac et de l’alcool, une augmentation de la TVA, 1,2 milliards € d’austérité aux travailleurs… et les inévitables cadeaux fiscaux au patronat. Cette attaque avait a provoqué, entre novembre et décembre 1993, deux semaines de grèves se généralisant en Flandre et en Wallonie. C’est là que le PS et les appareils syndicaux sont venus au secours de Dehaene, en pesant de tout leur poids pour paralyser cette riposte de la classe ouvrière.
Après avoir longuement servi les patrons en tant qu’homme politique, Dehaene a pu directement leur offrir ses services, et son carnet d’adresse, lors de sa reconversion en tant qu’Administrateur chez AB-Inbev, Lotus Bakeries, Umicore, Dexia … En 2012, dans sa déclaration de patrimoine en tant que député européen, Dehaene devait reconnaître qu’il avait « oublié » de déclarer au fisc belge € 3 millions de bonus touchés comme Administrateur de ces grands groupes, bonus qui récompensent d’ordinaire les emplois supprimés, les salaires perdus par les travailleurs et convertis en dividendes !
Jean-Luc Dehaene a terminé sa carrière en tant que vice-président de Dexia en 2012, où il feignait de découvrir avec son complice Pierre Mariani que cette banque « n’était plus qu’un fond spéculatif » que les contribuables devaient renflouer à coup de milliards d’euros.
Dehaene est mort, mais des politiciens de cet acabit, la bourgeoise peut s’en offrir tant et plus. Face à eux, les travailleurs doivent se regrouper dans leur propre parti, un parti communiste-révolutionnaire !