De la propagande raciste… aux actes racistes

Une centaine de hooligans racistes habillés de noir ont attaqué des habitants de Molenbeek et Jette lors de la finale de la Coupe de Belgique. Ils ont multiplié les propos racistes et tabassés des habitants d’origine maghrébine, envoyant plusieurs d’entre eux à l’hôpital.

Comment est-ce possible ? Ce qui s’est passé enrage et fait peur. Mais de tels actes racistes n’ont malheureusement rien d’exceptionnel. Et ni les interdictions de stade, ni les amendes n’y changeront rien. Pas plus qu’un « renforcement de la police ». La police sait déployer des moyens massifs contre les mouvements sociaux. Elle l’a fait le 1er mai. Elle l’a fait le 29 avril. Face aux exactions des hooligans racistes, elle a choisi de ne pas intervenir. Elle a même choisi d’arrêter plus de jeunes qui ont réagi contre des racistes avérés ou supposés que de hooligans racistes.

L’extrême droite utilise le foot comme un outil d’organisation et de recrutement. De Bruges ou d’ailleurs, ces groupes d’extrême droite osent tabasser des personnes trop “arabes” ou  “noires” à leur goût dans les quartiers populaires, reproduire des saluts nazis lors de matchs et hurler leurs chants racistes. Et ils ont profité de leur passage à Bruxelles pour organiser une expédition raciste.

Pourquoi n’oseraient-ils pas quand la police est gangrénée par le racisme ? Quand la plupart des partis de gouvernement s’en prennent aux classes populaires, en particulier à celles et ceux d’origine immigrée ? Quand le gouvernement reduit des êtres humains en “sans-papiers”, les prive des droits humains élémentaires, les fait enfermer et expulser ? Quand ces mêmes politiciens ont passé la campagne électorale de 2024 à attiser la haine ? Avec leurs discours anti-pauvres, anti-immigrés, ils veulent faire croire que l’insécurité viendrait de l’immigration, pour cacher que c’est la société capitaliste qui fabrique la misère en gavant la minorité de riches au détriment des travailleurs et de la majorité de la population !

Pourquoi n’oseraient-ils pas, quand le gouvernement israélien, soutenu par les puissances capitalistes occidentales, extermine plus de 52.000 Gazaouis ? Quand un Etat peut tuer des enfants sans conséquence, pourquoi un groupe de racistes ne se sentirait pas autorisé à frapper un adolescent arabe dans un quartier ?

Certes, même Bart de Wever discute maintenant d’une reconnaissance d’un Etat palestinien. Ils parlent de reconnaître la Palestine… quand elle n’existera plus ? Que les Palestiniens sont morts ou chassés de Palestine ? Quant au « saint » pape, ses prières ne pouvaient rien changer ! Pas plus que les résolutions de l’ONU contre la politique d’Israël.

Avec l’aggravation de la crise et la multiplication des guerres, l’extrême droite se renforce. Aujourd’hui, elle nourrit la haine des Arabes, en s’alignant sur la politique d’Israël pour dominer le Moyen-Orient, ses richesses pétrolières et le canal de Suez. Mais dans le fond, elle substitue toujours une haine raciale à la colère contre ce système capitaliste. Et demain elle s’en prendra comme toujours aux Juifs, après s’en être pris aux Arabes et aux Noirs, pour que la population trompée n’entre pas en lutte contre le capitalisme !

Il n’y a pas encore la guerre en Belgique. Mais le grand patronat et le gouvernement mènent une offensive frontale contre les travailleurs. Des multinationales licencient alors qu’elles font des milliards de profits. Et le gouvernement taille dans les pensions, la sécurité sociale, l’enseignement, et les transports. Tout cela au nom de la « rigueur » budgétaire alors qu’il creuse le déficit pour offrir plus de cadeaux aux capitalistes, notamment via les dépenses militaires.

Pour se défendre contre ces attaques, les travailleurs ont besoin de s’organiser. De prendre conscience qu’ils ont des intérêts communs qui dépassent les divisions linguistiques, les métiers, les religions. L’extrême droite agit impunément parce qu’elle est utile aux capitalistes pour diviser la population, pour éviter que la colère ne se transforme en lutte collective. Elle sert aussi de prétexte pour justifier plus de contrôle, de répression, de police, de réarmement.

La réaction des jeunes des quartiers visés par les hooligans racistes était légitime. Mais elle ne permet pas de renforcer ce qui ferait réellement reculer l’extrême droite et les capitalistes : une classe ouvrière consciente de ses intérêts et organisée pour les défendre. Pour se protéger des attaques contre nos conditions de vies et de l’extrême droite, deux dangers qui se renforcent mutuellement, il est urgent de reconstruire des organisations ouvrières. 

Des groupes de défense dans les quartiers et les usines seront nécessaires, gérés démocratiquement par les travailleurs. Seuls de tels groupes pourront défendre réellement les quartiers populaires et construire le rapport de force qui permettra de mettre fin aux guerres qui ensanglantent la planète.