Nous connaissions la crise économique, l’envolée de la précarité, les salaires bloqués et le chômage. Il a fallu le Covid pour redécouvrir la violence d’une crise sanitaire. Nous voilà face à une nouvelle crise, celle de l’énergie ! Non seulement les factures de gaz, d’essence et d’électricité ont explosé entraînant une envolée de tous les prix, mais en plus, il faut craindre des pénuries.
Et une fois de plus, nous mesurons l’impréparation et l’irresponsabilité de ceux qui prétendent diriger la société.
De Croo déclare sa propre impuissance en nous avertissant qu’« il n’y a pas de miracle ». Il nous invite à espérer une solution au niveau européen.
Or, tous les gouvernements sont dépassés par la situation et l’Union européenne qui réunit 27 Etats dont chacun tire la couverture à lui, l’est tout autant.
Tout ce qu’ils savent faire, ce sont de beaux discours et nous demander des sacrifices face aux crises qui se succèdent. Mais ils sont incapables de les empêcher !
Par manque de gaz, l’Allemagne craint de devoir arrêter des complexes industriels, faisant planer la menace d’une récession sur toute l’Europe. Dans toute l’Europe, des entreprises réduisent ou cessent leur production, invoquant leurs factures de gaz et d’électricité astronomiques : Nyrstar ferme une partie de ces fonderies en Europe, ArcelorMittal ferme temporairement deux usines, les producteurs d’engrais basés sur l’ammoniac réduisent drastiquement leur production.
Pour leurs salariés, ce sera le chômage partiel et des pertes de salaires. Pour les intérimaires et les salariés de la sous-traitance, ce sera la porte.
En sauvant ainsi leurs propres profits, ces grandes entreprises contribuent à aggraver encore la crise et le chaos économique.
La guerre en Ukraine n’explique pas tout. Certes, Poutine a fermé le robinet du gaz, mais les pénuries d’énergie ont débuté bien avant l’éclatement de cette guerre. Souvenons-nous du blackout qui menaçait déjà en 2018 quand 6 réacteurs sur 7 étaient à l’arrêt. 4 ans plus tard, l’état de délabrement des réacteurs ne s’est pas fondamentalement amélioré. Et aujourd’hui, c’est la France qui est dans une situation similaire, avec 32 réacteurs à l’arrêt sur 56.
Il n’y a pas eu de plans d’investissements dignes de ce nom dans les énergies renouvelables, ni même dans le secteur sensible qu’est le nucléaire. Tous les gouvernements qui se succèdent depuis des décennies ont laissé les capitalistes du secteur se conduire en parasites. Ces derniers ont pu exploiter les installations et faire des profits sans se soucier d’investir, ne serait-ce que pour préserver l’avenir.
Dans les années 2000, dans toute l’Europe, la fourniture d’électricité a été régionalisée et ouverte à la concurrence. Qu’on se souvienne des promesses des politiciens qui ont mis en œuvre la libéralisation de l’énergie, des libéraux en passant par les écologistes et les ministres socialistes : la concurrence allait faire baisser les prix quand le consommateur aurait le choix du fournisseur. Une kyrielle d’entreprises parasites est alors apparue : les Luminus, Lampiris, Eneco, Essent, Mega etc. Elles pouvaient désormais s’engraisser sur le tout nouveau « marché de l’énergie », sans produire le moindre électron ! Et les prix n’ont pas baissé, ils ont augmenté.
Aujourd’hui, les capitalistes sont affolés devant les aberrations de leur propre système. L’ex-PDG d’Electrabel, Jean-Pierre Hansen, déclare même que « confier toute l’énergie au marché a été une erreur essentielle ». L’association patronale des entreprises belges grandes consommatrices d’énergie Febiliec en vient à réclamer des « mesures de guerre ».
Oui, ceux qui ont toujours fait l’éloge du marché, de l’initiative privée, de la concurrence et de moins d’État, demandent aujourd’hui que le gouvernement réglemente et planifie. Et c’est à eux qu’il faudrait faire confiance ?! Non, c’est impossible !
Nous faisons déjà beaucoup de sacrifices du simple fait que tous les prix augmentent alors que les salaires ne suivent pas, ou avec beaucoup de retard avec un index truqué. Mois après mois, nous nous appauvrissons, alors que les profiteurs de crise encaissent des milliards. Et en plus de cela, il faudrait accepter d’avoir froid cet hiver ?
Si encore les dirigeants économiques et politiques avaient un plan pour réparer les dégâts qu’ils ont eux-mêmes causés, mais ils n’en ont pas ! Leur politique consiste à aller là où il y a du profit à prendre, quitte à faire tout et n’importe quoi, y compris alimenter le chaos. La société capitaliste marche sur la tête. Seuls les travailleurs peuvent remettre de l’ordre dans ce chaos : en se battant pour imposer que l’économie et la société soient organisées pour répondre aux besoins de la population. Cela commence par défendre pied à pied nos intérêts de travailleurs.