Plus d’un million et demi d’euros en cash ont été retrouvés chez l’ex-eurodéputé italien Pier Panzeri et l’eurodéputée grecque Eva Kaïli. Des parlementaires, ex parlementaires et proches d’Eva Kaïli, vice-présidente du parlement européen, sont mis en cause et accusés de corruption. Le Qatar et le Maroc ont voulu peser sur les votes des députés pour servir leurs intérêts. Pour le Qatar, il s’agissait surtout d’améliorer son image et vanter sa marche vers la démocratie. Pour le Maroc, il s’agit de faire accepter sa mainmise sur le Sahara occidental et de consolider des accords commerciaux avec les pays européens.
Ces deux pays ne représentent qu’un tout petit sommet de l’iceberg de la corruption. Les grandes puissances étant elles aussi coutumières de ce genre de manœuvres, avec bien plus de moyens, afin de faire prévaloir leurs intérêts économiques, militaires et politiques.
La Belgique n’est pas en reste ! Le parlement wallon est secoué par la révélation de nombreux voyages de luxe effectués par le greffier du parlement wallon, en plus des travaux de la Maison des parlementaires à Namur qui ont coûté 50 millions d’euros, 5 fois plus que ce qui était prévu.
Le juge d’instruction en charge de l’affaire européenne, Michel Claise, expert en lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, dénonce le manque de moyens humains et techniques de la justice, ainsi que le manque de magistrats qui crée une réelle difficulté pour juger les dossiers. Cette pénurie de moyens est bien sûr voulue par ceux qui dirigent : ils préfèrent limiter la fouille dans leurs affaires.
Et c’est la même pénurie de moyens chez les inspecteurs du travail et ceux de la fraude fiscale.
Les centaines de milliers d’euros qu’Eva Kaïli et ses acolytes ont empochés ne sont pas grand chose à côté des milliards d’euros récoltés par les sociétés françaises au Qatar avec le Mondial 2022. En 2010, le Qatar avait été choisi grâce au poids de Platini alors président de l’UEFA et de Sarkozy. Des entreprises françaises ont alors touché le gros lot ! En 2015 et 2017, le Qatar a acheté à Dassault 36 avions Rafale, pour 6 milliards d’euros, et a pris une option pour 36 autres. Un consortium RATP-Keolis a obtenu l’exploitation du métro de Doha, et Alstom celle d’un tramway local. Airbus vend des A320, etc. Il s’agissait là de réussite économique, surtout pas de corruption !
Il en va de même pour les travaux de la Maison des parlementaires. Paul Plasschaert, un des actionnaires de l’entreprise chargée des travaux, a été poursuivi en Flandre fin des années 90 pour avoir mis en place une entente qui, selon les termes du tribunal, « a réduit pendant des années la procédure des marchés publics à une mascarade ». Grâce à une gigantesque fraude, 34 entrepreneurs s’étaient entendus sur les prix d’au moins 54 appels d’offres pour de grands travaux hydrauliques commandés par la Région flamande. Projets qui ont coûté bien plus cher que le budget initialement prévu. La condamnation à 8 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende, prononcée en 2006, est dérisoire en regard des montants en jeu et n’empêche pas Plasschaert de continuer ses affaires, en Wallonie cette fois-ci.
L’enrichissement de quelques-uns sur le dos de tous, c’est le fonctionnement « normal » du capitalisme. Quant aux membres de l’appareil d’État formés à servir les bourgeois, ils se servent plus ou moins à l’occasion.
Bien sûr, cette corruption est écœurante, d’autant plus qu’envers les travailleurs les politiciens n’ont que les mots « économies » à la bouche, alors que le niveau de vie de la population ne fait que régresser.
Mais les montants détournés par le personnel politique ne sont qu’une sorte de pourboire à côté des milliards de profits qu’engrangent les capitalistes. Les dividendes versés aux actionnaires n’ont jamais été aussi élevés. Les entreprises du BEL20 ont versé à elles seules 8,17 milliards d’euros à leurs actionnaires, en hausse de près de 50% ! Le groupe Engie-Electrabel va accumuler 9 milliards d’euros de profit supplémentaire entre 2021 et 2024 avec la hausse des prix de l’électricité ! Mais cet enrichissement-là n’est pas non plus du vol, il est légal ! Vu que ce sont les riches qui font les lois !
Pour mettre fin au vol légal ou illégal des capitalistes et de leurs subordonnés, il n’y a pas d’autre solution que d’exproprier les banques et les grandes entreprises capitalistes et de mettre l’ensemble de l’économie sous le contrôle des travailleurs.